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CHOMOLANGMA

Réflexions sur le sens de la vie. Diversités culturelles et médiatiques.

Lycanthrope (2).

Publié le 31 Janvier 2010 par CHOMOLANGMA in CULTURE-Mythes et légendes


Morsures 

La transmission par morsure est une invention très récente issue du cinéma américain, par rapprochement avec le mythe du vampire. Dans les films, l’humain mordu par un loup-garou se transforme lui-même en loup-garou à la pleine Lune suivante[Note 4]. Il n’existe que très peu de cas de contaminations par morsures dans les légendes anciennes[21].

Naissance, hérédité et maladies

Certains enfants nés avec des particularités physiques ou à certaines dates sont prédisposés à devenir des lycanthropes. En Roumanie, c’est le cas pour les enfants sevrés puis remis au sein et au Portugal comme en Amérique latine, des septièmes garçons issus d’une fratrie pauvre[39]. Ceux qui portent un embryon de queue au coccyx, les enfants conçus la veille d’un dimanche ou d’un jour saint, ceux qui naissent le jour de Noël sont prédisposés, et ceux qui sont « nés coiffés », c’est-à-dire avec un morceau de placenta sur la tête[39], auraient une aptitude naturelle à la métamorphose, les hommes se changeant en loup-garous et les femmes en esprit malfaisant provoquant des cauchemars[40]. Les enfants de prêtres ou de nonnes sont aussi condamnés par leur naissance à se transformer en loups tous les sept ans[39]. Selon les serbes, les slovènes et dans la région de Kashubie au nord de la Pologne, si un enfant nait avec des cheveux, une marque de naissance ou une crépine sur la tête, il possède une habileté naturelle à la métamorphose et peut se transformer en l’animal qu’il souhaite, avec une nette préférence pour le loup[41]. Arétée de Cappadoce mentionne que les personnes qui souffrent d’épilepsie se croient elles aussi susceptibles de devenir des lycanthropes[42].

Rituels d'invocation et métamorphoses volontaires

Dans d’autres cas, le pouvoir de se transformer en loup pendant la nuit est un souhait invoqué par des rituels et des allégeances sataniques abominables, souvent pour satisfaire un désir de chair humaine[43]. L’invocateur agit de préférence à la pleine Lune et adopte non seulement la forme, mais aussi la nature du loup, sans s’inquiéter de mettre à mort la plupart des créatures humaines[43]. L’un de ces rituels est décrit en détail, il faut entrer dans une forêt à minuit lors de la pleine Lune, puis dessiner deux cercles sur le sol : l’un de six pieds de diamètre, l’autre de quatorze pieds de diamètre, avant d’allumer un feu au centre du cercle le plus petit. Placer un trépied de fer au-dessus des flammes et y suspendre un pot rempli d’eau, la porter à ébullition et y jeter de l’aloès, des graines de pavot, de la solanaceae et de la ciguë. Agiter les ingrédients en faisant appel à tous les mauvais esprits de la nuit, aux fantômes emplis de haine, aux loup-garous et aux satyres. Enlever ensuite tous ses vêtements et les frotter avec la graisse d’un animal fraîchement tué mélangée à de l’anis, du camphre et de l’opium. Prendre la peau d’un loup, la poser sur soi comme on porterait un pagne, puis se placer aux limites du grand cercle et rester dans cette position jusqu’à ce que le feu s’éteigne. Si tout a été fait correctement, l’invocateur est désormais capable de prendre la forme du loup en revêtant la peau[28].

L’un des moyens les plus simples pour se transformer en loup-garou serait donc d’enlever ses vêtements pour porter une peau de loup, une ceinture magique en peau de loup pouvant suffire[44],[39] parfois en ajoutant un frottement du corps avec divers onguents magiques fabriqués par des sorciers et des sorcières, l’onguent populeum étant composé de suc de feuilles, de branches et de bourgeons de peuplier, de feuilles de jusquiame, de morelle noire, de pavot, d’axonge et d’alcool fort, mais il en existe trois variétés, l’une transforme en loup-garou, la seconde fait croire aux sorcières qu’elles vont au sabbat (mais n’est qu’illusion) et le dernier permet un véritable transport au sabbat[45].

Boire l’eau de pluie accumulée dans une empreinte de loup ou d’un autre animal sauvage, boire à une source où viennent s’abreuver des loups[39], ou certains breuvages enchantés ainsi que dévorer la cervelle d’un loup et dormir dans un lieu que cet animal fréquente habituellement serait aussi considéré comme un moyen d’accomplir cette métamorphose[46],[39],[28], de même qu’effectuer trois ou neuf sauts périlleux, utiliser des ceintures en peau de pendu[39], et absorber certaines herbes[28]. Boire de la bière mêlée à du sang accélèrerait la métamorphose[28].

Voyages de l'âme

Dans certains cas, la lycanthropie ne résulte pas de la métamorphose du corps mais d’un voyage de l’âme. Le lycanthrope peut être un esprit qui sort de sa tombe sous forme de loup. Cette variété est connue sous le nom de loup-garou fantôme. On croyait par là que le corps métamorphosé était celui d’une âme damnée qui ne trouvait pas le repos dans sa tombe[12]. Cette âme damnée cherchait alors un hôte, humain de préférence, et il s’ensuivait une confrontation quotidienne entre l’âme humaine et l’âme damnée afin de prendre possession du corps. Si l’âme damnée l’emportait, alors la transformation pouvait avoir lieu[12]. L’âme qui s’échappe peut chercher à dévorer des victimes tout en laissant le corps de la personne atteinte de lycanthropie en état de transe[12].

Lutte contre la lycanthropie
Wolf howls.ogg
De nombreuses légendes décrivent des lycanthropes qui se mettent à hurler à la manière des loups lors des pleines Lunes.
Condamnation à mort de Peter Stumbb, loup-garou, en 1589 près de Cologne, par Lucas Mayer.

En fonction des époques et des mythes, les façons de lutter contre les lycanthropes afin de les soigner ou de les tuer ont évolué. Les lycanthropes possèdent une grande résistance aux blessures et retrouveraient rapidement leur intégrité physique même si des membres leur sont sectionnés[27].

Protections et combats contre les lycanthropes

Les lycanthropes sont des créatures malignes qui échappent le plus souvent aux pièges, aux embûches et aux attaques classiques, protégés par leur peau d’une grande dureté[6],[37]. Les blessures faites aux lycanthropes sous leur forme animale se retrouvent généralement sur leur corps humain et certaines armes sont citées de manière récurrentes dans les légendes ou les fictions modernes, tels que les objets en argent comme les balles et les poignards[37]. Les balles en argent devaient être bénies de préférence, et cette bénédiction effectuée à certaines heures nocturnes, de préférence dans une chapelle dédiée à saint Hubert et avec des objets rares et précieux tels qu’un trèfle à quatre feuilles[47],[25]. Alors, le sorcier lycanthrope pouvait être tué et sa forme de bête disparaissait[47]. En Bretagne, ils étaient décapités à la hache ou la faux, et leur corps jeté à la rivière[47]. La vulnérabilité des lycanthropes aux balles en argent n’est pas attestée avant le XIXe et l’on raconte que la Bête du Gévaudan fut tuée avec cet objet selon les romanciers qui reprirent l’histoire vers 1935[48]. Le cinéma hollywoodien a majoritairement repris et répandu ces croyances concernant l’argent. La sensibilité des lycanthropes aux objets religieux tels que les crucifix et l’eau bénite est récente elle aussi, en tant que créatures du Diable, ils ont une répulsion profonde pour tous ces objets[25]. La dévotion à saint Hubert est à la fois un remède et une forme de protection contre les lycanthropes[47]. Le sorbier peut également être considéré comme efficace, selon cette croyance belge qui veut qu’une maison protégée par l’ombre d’un sorbier soit un lieu sûr[21].

Remèdes à la lycanthropie

Différents remèdes sont attestés pour lutter contre la transformation en loup. Dans de nombreux cas, l’état de loup-garou résulte d’une malédiction ou d’une possession et l’exorcisme est une façon de chasser l’esprit démoniaque qui a envahi le corps du malheureux maudit pour, peut-être, lui sauver la vie. Durant l’antiquité, les grecs et les romains croyaient pouvoir soigner les personnes atteintes en les épuisant. La victime était soumise à de longues périodes d’activités physiques dans l’espoir de la purger de la maladie[21]. La façon la plus commune de rendre son apparence humaine au lycanthrope est toutefois de trouver la peau de loup qu’il cache dans un endroit secret - généralement une souche d’arbre - et de la brûler[47]. Le lycanthrope souffre alors terriblement et pousse d’affreux cris de douleur, mais il est ensuite délivré à jamais de sa malédiction[47]. Bon nombre de remèdes préconisés par les médecins médiévaux sont cependant fatals pour les patients. Une croyance sicilienne d’origine arabe atteste qu’un lycanthrope peut être guéri de sa maladie en frappant sur son front ou son cuir chevelu avec un couteau, ou en perçant ses mains avec des clous [21], on peut aussi le frapper avec une clef ou faire couler son sang, car quelques gouttes suffisent à lui faire retrouver sa forme humaine[47]. Selon la croyance québécoise, il faut marquer le loup-garou d’une croix sur le front avec un canif, en souvenir du Christ, ou le piquer et faire couler son sang, en souvenir du martyre du Christ[24]. Parfois, des méthodes moins extrêmes ont été utilisées. Dans la plaine allemande du Schleswig-Holstein, un loup-garou peut être guéri si l’on prononce tout simplement trois fois son nom chrétien, tandis que pour les danois, une simple réprimande guérit la lycanthropie[21]. La conversion au christianisme est aussi une méthode pour éliminer la malédiction du loup-garou durant la période médiévale. Les légendes scandinaves, russes occidentales et d’Europe centrale mentionnent des filtres magiques qui rendent son aspect humain au lycanthrope, ils sont préparés avec de l’aconit, plante également connue sous le nom de tue-loup. Même guéri, un ancien lycanthrope garde généralement la faculté de comprendre le langage des loups[47].

Dans les jeux de rôle, les lycanthropes peuvent être soignés avec des feuilles de belladone (ou d’aconit) si elles sont ingérées moins d’une heure après leur contamination par morsure, mais les lycanthropes de naissance ne peuvent jamais être guéris[49].

Reconnaître un loup-garou sous sa forme humaine
Gravures du Traité de physiognomonie de Charles Lebrun et Morel d’Arleux, 1806.

L’une des méthodes les plus classiques pour reconnaître un loup-garou sous sa forme humaine durant la période médiévale et la Renaissance consistait à inciser la peau des suspects et à regarder si des poils s’y cachaient[21], car selon les croyances françaises et québécoises entre autres, l’homme n’a qu’à retourner sa peau pour se transformer en loup-garou[39]. Les personnes atteintes de lycanthropie peuvent aussi conserver quelques caractéristiques physiques du loup sous leur forme humaine, comme des sourcils qui se rejoignent au-dessus du nez (monosourcil), des ongles légèrement rougeâtres, le majeur et l’index de même longueur (comme une patte de loup), des pouces gros et courts[39], des mains poilues jusqu’à l’intérieur des paumes, pourvues de doigts plats et palmés[39], des oreilles implantées un peu plus bas et en arrière de la tête, et de façon générale, plus de poils sur les mains, les pieds et dans le dos[21],[39]. Une tradition russe rappelle qu’un lycanthrope peut être reconnu grâce aux poils sous sa langue[21]. Les loup-garous auraient aussi l’air triste et mélancolique, et n’iraient jamais à l’église[50]. De plus, après avoir repris sa forme humaine, un lycanthrope est généralement affaibli et souffre d’un manque d’appétit du fait qu’il s’est repu et a couru toute la nuit[39], il peut aussi être soumis à des dépressions nerveuses[21]. Une fois démasqué sous sa forme humaine, il est théoriquement possible de le tuer, de lui administrer un remède, ou de l’enfermer et d’attendre sa transformation pour prouver sa culpabilité, à condition d’avoir une cage assez résistante.

Points communs avec les vampires
Déguisement de loup-garou ou vampire moderne.
Article principal : Vampire.

En Europe médiévale, les cadavres de certaines personnes exécutées furent incinérés en tant que loup-garous plutôt qu’enterrés afin d’empêcher leur résurrection comme vampires, et avant la fin du XIXe siècle, les grecs estimaient que les cadavres de loup-garous non détruits revenaient à la vie en tant que vampires, sous la forme de loups ou de hyènes qui erraient sur les champs de bataille en buvant le sang des soldats mourants[21]. Dans certaines zones rurales de l’Allemagne, de la Pologne et du nord de la France, les personnes mortes en état de péché mortel revenaient sous forme de loups pour boire du sang, avant de retourner à leur corps humain dès les premières lueurs du jour. Ces lycanthropes furent traités par décapitation à l’arme blanche et exorcisme par le curé de la paroisse, la tête était ensuite jetée dans un ruisseau et le poids de ses péchés l’entrainait par le fond. Parfois, les méthodes employées étaient les mêmes que pour éliminer les vampires[21]. Le vampire est lié au loup-garou dans les pays d’Europe orientale, en Bulgarie, en Serbie et en Slovaquie. En Serbie, le loup-garou et le vampire sont connus sous le même nom : Vulkodlak[21].

Dans la mythologie hongroise et celle des Balkans, de nombreux loup-garous étaient décrits comme des sorcières vampiriques qui devenaient loups afin de sucer le sang des hommes nés un jour de pleine Lune, dans le but de préserver leur santé. Sous forme humaine, ces lycanthropes seraient pâles, avec un visage émacié, les orbites creuses, les lèvres gonflées et les bras flasques[21].

Les lycanthropes sont très proches des vampires dans le sens où le loup-garou est un pont entre l’homme et l’animal, un animal bestial qui détruit et dévore le monde, le vampire est un pont entre le monde des vivants et celui des morts[17].

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