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CHOMOLANGMA

Réflexions sur le sens de la vie. Diversités culturelles et médiatiques.

Lycanthrope (1).

Publié le 31 Janvier 2010 par CHOMOLANGMA in CULTURE-Mythes et légendes


Lycanthrope
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
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Un loup-garou sur une gravure du XVIIIe siècle, par Ian Woodward.

Un lycanthrope [li.kɑ̃.tʁɔp], plus connu en français sous le nom de loup-garou [lu.ɡa.ʁu], est, dans les mythologies, les légendes et les folklores du monde entier, un humain qui a la capacité de se transformer, partiellement ou complètement, en loup ou en créature anthropomorphe proche du loup.

Cette transformation peut être due à plusieurs causes, comme la morsure d’un loup ou d’un autre lycanthrope, une malédiction ou un rituel volontaire. Elle se déclenche généralement durant la nuit et à chaque pleine Lune, condamnant le lycanthrope à errer sous forme de loup en poussant des hurlements jusqu’au matin. Les histoires de lycanthropes sont mentionnées depuis la mythologie grecque, puis se sont étendues à de nombreux pays européens et plus récemment, au monde entier. Les lycanthropes sont majoritairement décrits comme des hommes-loups maléfiques possédant les capacités du loup et de l’humain à la fois, une force colossale, et une grande férocité puisqu’ils sont capables de tuer de nombreuses personnes en une seule nuit. Ils ne se rappellent généralement plus leurs méfaits nocturnes après avoir repris forme humaine. La transformation physique d’hommes en loups étant, hormis les problèmes de différence génétique le recours à la chirurgie et l’utilisation de déguisements, totalement impossible, il y a fort peu à croire que ces créatures aient existé réellement tel qu’elles sont décrites. Cependant, le peuple y a cru pendant longtemps, et continue parfois à y croire. Aujourd’hui, la lycanthropie n’est scientifiquement reconnue que comme un symptôme de maladie mentale : on parle alors de lycanthropie clinique.

Le thème de la lycanthropie est devenu un sujet de fiction moderne fréquent, abondamment repris par les arts, la littérature fantasy et fantastique ainsi que l’audiovisuel où il est au centre d’un très grand nombre de film d’horreur et de sagas, bien que ces lycanthropes modernes puissent avoir des caractéristiques différentes des anciens, notamment leur vulnérabilité aux balles en argent.


 

Terminologie

  • « Lycanthrope » est un terme issu du grec λυκάνθρωπος / lykánthrôpos (de λύκος / lúkos, « loup », et ἄνθρωπος / ánthrôpos, « homme »)[1], il désigne donc un être humain qui est ou se croit transformé en loup. La thérianthropie ou la zoanthropie[Note 1] désignent la transformation d’un être humain en animal ou la transformation inverse, qu’elle soit partielle ou complète. Elle s’applique donc aux lycanthropes et au loup-garou, mot utilisé de manière générique en Europe occidentale pour désigner tous les lycanthropes. Le terme « lycanthropie » a longtemps désigné la transformation physique ou mentale d’un homme en tout type d’animal[2], mais le terme thérianthropie tend aujourd’hui à s’y substituer.
  • « Loup-garou » est un terme attesté en vieux français sous la forme leus warous (« homme-loup »), de leus (« loup ») et de warous (formes picardes), mentionné sous les formes franciennes garwaf, garvalf, garval au XIe siècle, lui-même issu du francique *wariwulf ou *werwolf (« homme-loup »)[3]. Ce mot se rapproche de l’anglais werewolf lui-même issu du vieil anglais wer (ou were) dérivant de l’indo-européen *wiro (« homme » qui a donné vir en latin) et de wulf (« loup » en vieil anglais)[3]. En somme, comme le fait remarquer Henriette Walter, ce mot est un pléonasme puisque garou, du francique *wariwulf ou *werwolf, veut déjà dire « homme-loup »[4]. Au XIIe, on employait le terme de Leul garoul[5]. Le terme français loup (anciennement leu) est issu du latin lupus. Selon Collin de Plancy qui travaille selon une étymologie populaire, le nom de loup-garou signifie « loup dont il faut se garder », car gar- est interprété comme le déverbal de "garer"[6]. « vairou » était un terme employé autrefois dans le dialecte de certaines régions[7]. En Bourgogne par exemple, où /w/ n'a pas évolué en /gw/ comme en français central, mais a muté en /v/, en normand également où l'on parle du varou tout simplement.[8]. « Rougarou » est une évolution indépendante du terme français loup-garou en Louisiane, région d’Amérique où immigrèrent des colons francophones[9]. Aux Caraïbes, autre région de peuplement francophone, on emploie le nom de « Loogaroo[10] ».
  • « Wer(e)wolf » est le terme anglais équivalent du français loup-garou. Wolf vient du vieil anglais (anglo-saxon) wulf, issu du germanique commun *wulfaz[11]. Wolf voulant simplement dire loup[12]. Les termes allemand Werwolf et néerlandais weerwolf sont issus du même étymon germanique.
  • « Versipelle » est un terme latin équivalent, utilisé par Pline l’Ancien. Il signifie « qui retourne sa peau »[13].
  • « Volkodlak » est un terme russe issu de volk (« loup ») et dlak (« poil ») qui désigne le loup-garou d’après Ernest Jones[12]. En russe, loup-garou signifie littéralement « voleur »[Note 2],[14].
  • « Voukodlak » (вукодлак) est le terme serbo-croate qui désigne également le loup-garou. En tchèque, ce mot est vilkodlak.
  • « Vîrcolac » est le terme roumain, emprunté au bulgare vŭrkolak (върколак). Il désigne, en roumain, aussi bien un vampire, un revenant, un fantôme, qu'un loup-garou, et, en tout cas, un être fabuleux susceptible de cacher, en les dévorant, le soleil et la lune. En grec, le mot est βρυκόλακας (vrykólakas). Ces termes étant également utilisés pour désigner le vampire, cela indique un rapport étroit entre ces deux créatures.

Boris Vian joue avec le mythe et les mots en définissant, dans son recueil Le Loup-garou, l’anthropolycie (anthropos, άνθρωπος « être humain » et lycos / lukos , λυκάνθρωπος / λύκος « loup ») comme le fait, pour un loup, de se transformer en homme une fois mordu par l’un d’eux[15].

Caractéristiques du lycanthrope selon le folklore

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Le loup-garou, par Lucas Cranach l’Ancien, vers 1512, gravure sur bois, 162 × 126 mm, Gotha, Herzogliches Museum.

Selon la croyance la plus répandue, l’humain affecté par la lycanthropie se transforme en loup énorme à chaque pleine Lune[5], il se met à marcher à quatre pattes et à hurler comme un vrai loup[16], en résumé, il acquiert toutes les caractéristiques attribuées à cet animal : sa force, son agilité, sa ruse et une grande férocité[17]. Il chasse et attaque sans merci ses victimes car il ne contrôle plus ses faits et gestes et peut faire de très grands ravages en une seule nuit[18]. Les lycanthropes aiment la chair fraîche, étranglent le bétail des fermes environnantes, les chiens, et les hommes avec une nette préférence pour les jeunes enfants, et ils dévorent ensuite leurs victimes[16]. Ils tuaient la première personne croisée durant leur errance nocturne pour la dévorer[19]. Leur pouvoir se trouve renforcé durant la nouvelle Lune, l’hiver et en particulier au moment des solstices, pendant l’avent et entre Noël et la Chandeleur[19]. Leur orgie de violence dure les trois nuits de la pleine Lune selon la croyance moderne, mais dans les textes anciens, les descriptions mentionnent parfois douze jours après Noël[20]. L’apparence du lycanthrope sous sa forme animale varie selon le folklore du pays, les croyances et les époques, même s’il est généralement décrit comme difficile à différencier d’un loup ordinaire, avec une grande gueule, des yeux étincelants et des dents crochues[21],[16]. Il peut être un loup immense, un humain ne possédant que la tête d’un loup (cynocéphale) ou avoir le corps recouvert de poils, une queue, des griffes et des pattes de loup, mais rester sur deux pattes comme l’être humain[21]. Le fait que les lycanthropes n’aient pas de queue est parfois attesté[Note 3], et ils garderaient des yeux et une voix humaine[21]. Un point commun universel du lycanthrope dans l’Europe médiévale est son habitude de dévorer les cadavres fraîchement enterrés. Cette particularité est largement documentée, notamment dans les Annales médico-psychologiques du XIXe siècle[21].

Le chiffre sept, souvent considéré comme un chiffre saint et sacré[22],[23], est fréquemment associé aux lycanthropes. Certains sont condamnés à vivre sept ans sous forme de loup pour expier leurs crimes ou pour que le sortilège lancé sur eux cesse de faire effet[19], et briser le carême sept ans de suite provoque une transformation en loup-garou[24],[25]. Durant la nuit, d’autres parcouraient sept paroisses et faisaient le tour d’un clocher sept fois avant de trouver une place en enfer[19]. Il arrive aussi que les lycanthropes s’unissent avec des louves, et de leurs propres aveux, le plaisir qu’ils prenaient avec ces animaux était aussi intense, sinon plus, que celui qu’ils prenaient avec les femmes[16]. Après avoir repris sa forme humaine, le lycanthrope est généralement affaibli et soumis à des dépressions nerveuses[21]. Il se roule sur le sol, demeurant longtemps raidi comme un cadavre et privé de sensations[26]. De nombreux rapports sur les lycanthropes décrivent aussi une grave mélancolie et maniaco-dépression lorsqu’ils ont pris conscience de leurs crimes[21].

Le nom de lycanthropie désigne en premier lieu la métamorphose partielle ou complète d’un homme en loup, car la métamorphose physique fut longtemps reconnue comme une réalité avant que la lycanthropie ne soit assimilée à une maladie psychiatrique[18], les croyances sur la lycanthropie sont ainsi loin d’être uniformes et le terme est appliqué dans des cas assez différents les uns des autres. La transformation peut être temporaire ou permanente, l’animal peut être l’homme lui-même sous l’emprise de la métamorphose, mais aussi un double dont l’activité n’affecte pas la vie de l’homme. Il peut être son âme qui s’échappe pour chercher à dévorer des victimes en laissant le corps en état de transe durant un voyage nocturne, il peut être le messager de l’être humain, un animal ou un familier bien réel dont le lien intime avec le propriétaire est prouvé par le fait que toute blessure lui étant infligée se retrouve également sur le corps de l’homme, phénomène connu sous le nom de répercussion[12].

Acquisition de la lycanthropie

La lycanthropie peut être acquise de différentes façons. On peut distinguer deux formes de lycanthropie, l'une volontaire où un individu choisit consciemment de pactiser avec le mal, et une involontaire, le plus souvent subie par un individu contre son gré. La lycanthropie peut, selon les mythes et folklore, s’acquérir par la naissance, l’hérédité, une exposition à la pleine Lune, une malédiction, un rituel satanique, l'absorption de chair humaine, ou encore en revêtant une peau de loup. Le cas de transmission par une morsure d'un loup ou d'un autre loup-garou est une invention récente.

Rôle de la Lune
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Selon la plupart des croyances modernes, la pleine Lune est la première cause des lycanthropies.

Les nuits de pleine Lune sont invoquées comme la principale cause de transformations involontaires en loup selon les croyances modernes, mais elles ne sont que peu mentionnées dans les récits anciens. Gervais de Tilbury est l’un des premiers à noter, entre 1210 et 1214 qu’en Angleterre, il est fréquent de voir des hommes se changer en loups lorsque la Lune entame un nouveau cycle[27] puis, en 1848, il est dit que lorsque la Lune est rousse, on assiste à des épidémies de lycanthropie[28]. En France, en Italie et en Allemagne, l’homme peut se transformer en loup s’il dort seul dehors par une nuit d’été certains mercredis ou vendredis et si la pleine Lune brille directement sur son visage[21]. Dans certaines cultures[Lesquelles ?], les personnes nées pendant la pleine Lune sont aussi considérées comme susceptibles de devenir des lycanthropes[28].

La Lune n’est pas le seul facteur entrant en ligne de compte. L’homme atteint de lycanthropie doit parfois ôter ses vêtements avant de prendre la forme du loup-garou[29],[30]. Il dissimule alors ses vêtements car, s’il ne les retrouvait pas, il serait condamné à errer indéfiniment sous la forme d’un loup[30].

Malédictions
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Le Roi Lycaon changé en loup par Zeus, gravure du XVIe siècle.

Le pouvoir de transformer les autres en loups et en bêtes sauvages par une malédiction est attribué aux sorciers, aux dieux et au Diable, car la lycanthropie par malédiction peut aussi être le résultat d’un châtiment divin. En France, le Diable transformait les sorciers en loups et les obligeait à errer dans la campagne en poussant d’affreux hurlements[6]. Saint Thomas d’Aquin affirma un temps que tous les anges, bons ou mauvais, ont le pouvoir de transformer les corps humains[31]. Les prêtres et certains saints semblent également posséder ce pouvoir. La plus ancienne malédiction lycanthropique connue est celle que Zeus infligea au roi d’Arcadie Lycaon[32], mais on raconte aussi que saint Patrick transforma le roi gallois Vereticus en loup[33] et que Saint Natalis maudit une illustre famille irlandaise dont tous les membres devinrent des loups pour sept ans[34].

La littérature médiévale et de la Renaissance abonde d’exemples où des dieux et des saints maudissent ceux qui ont provoqué leur colère par la lycanthropie. Les excommuniés de l’Église catholique romaine étaient souvent suspectés de devenir des lycanthropes[21].

En trinquant sans le savoir avec un lycanthrope qui prononce une formule de transmission, on peut également être affecté selon la croyance lituanienne[35]. William Shedden Ralston donne d’ailleurs l’incantation russe courante pour invoquer la lycanthropie dans ses Chants du peuple russe[36].

Anthropophagie et consommation de viande

Durant l’antiquité grecque, le cannibalisme est étroitement associé à la lycanthropie car quiconque consommait de la chair humaine au cours de banquets donnés en l’honneur de Zeus Lykaos était changé en loup[37],[38]. Dévorer la chair crue d’un loup enragé transforme également en lycanthrope[28], tout comme manger de la viande un vendredi saint chez les chrétiens.

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