الجمهورية التونسية (ar) | |||||
République tunisienne (fr) | |||||
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Devise nationale : Hurriya, Nidham, ’Adala (Liberté, Ordre, Justice) | |||||
Langues officielles | Arabe1(de jure) Français (de facto) | ||||
Capitale | Tunis | ||||
Première municipalité | Tunis | ||||
Forme de l’État | République présidentielle | ||||
- Président (intérim) - Premier ministre | Fouad Mebazaa Béji Caïd Essebsi | ||||
Superficie - Totale - Eau (%) | Classé 92e 163 610 km2 5 % | ||||
Population - Totale (2011) - Densité | Classé 78e 10 629 1862 hab. 65 hab./km2 | ||||
Indépendance - Indépendance | France 20 mars 1956 | ||||
Gentilé | Tunisien, Tunisienne | ||||
PIB (PPA) (2010) | 100,3 milliards USD2 (70) | ||||
IDH (2007) | 0,769 (moyen) (98) | ||||
Monnaie | Dinar tunisien (TND ) | ||||
Fuseau horaire | UTC +1 | ||||
Hymne national | Humat Al-Hima | ||||
Code ISO 3166-1 | TUN, TN | ||||
Domaine internet | .tn تونس. (dès 2011)3 | ||||
Indicatif téléphonique | +216 | ||||
Organisations internationales | |||||
ONU, Union africaine, Ligue arabe, Union du Maghreb arabe |
La Tunisie (arabe : تونس ou Tūnis), en forme longue la République tunisienne (الجمهورية التونسية ou al-Jumhūriyya at-Tūnisiyya), est un pays d’Afrique du Nord appartenant au Maghreb.
Elle est bordée au nord et à l’est par la mer Méditerranée, à l’ouest par l’Algérie avec 965 kilomètres de frontière commune et au sud-est par la Libye avec 459 kilomètres de frontière. Sa capitale Tunis est située dans le nord-est du pays, au fond du golfe de Tunis. Plus de 30 % de la superficie du territoire est occupée par le désert du Sahara, le reste étant constitué de régions montagneuses et de plaines fertiles, berceau de la civilisation carthaginoise qui atteignit son apogée au IIIe siècle av. J.-C., avant de devenir le « grenier à blé » de l’Empire romain.
Longtemps appelée Régence de Tunis, notamment sous la domination ottomane, la Tunisie passe sous protectorat français le 12 mai 1881 avec la signature du traité du Bardo. Avec l’avènement de l’indépendance, le 20 mars 1956, le pays s’achemine, au début, vers le statut d’une monarchie constitutionnelle ayant pour souverain Lamine Bey4,5, dix-neuvième et dernier bey régnant de la dynastie des Husseinites6. Avec la proclamation de la république, le 25 juillet 1957, c’est le leader nationaliste Habib Bourguiba qui devient le premier président de la République tunisienne et modernise le pays. Toutefois, en 1987, au terme de trente ans à la tête du pays dont la fin est marquée par le clientélisme et la montée de l’islamisme, le Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali finit par le déposer, mais poursuit dès lors les principaux objectifs du « bourguibisme » tout en libéralisant l’économie. Ben Ali, après vingt-trois ans d’une présidence autoritaire et policière, caractérisée par l’importance de la corruption, cède à la pression de la rue le 14 janvier 2011, fuyant le pays et trouvant refuge en Arabie saoudite7. Avec son épouse, il fait l’objet d’un mandat d'arrêt international.
Intégrée aux principales instances de la communauté internationale, la Tunisie fait également partie de la Ligue arabe, de l’Union africaine et de la Communauté des États sahélo-sahariens.
Géographie
La Tunisie, le plus petit État du Maghreb, se situe au nord du continent africain. Il est séparé de l’Europe par une distance de 140 kilomètres au niveau du canal de Sicile. Disposant d’une superficie de 163 610 km28, le pays est limité à l’ouest par l’Algérie avec 965 km de frontière commune, au sud-est par la Libye avec 459 km de frontière et au nord et à l’est par la mer Méditerranée avec 1 298 km de côtes. Les terres cultivées représentent 4,9 millions d’hectares dont 1,6 consacré à la culture des céréales, 1,6 consacré à la culture de l’olivier et 400 000 hectares consacrés aux cultures irriguées. Le désert du Sahara occupe une superficie comprise entre 33 % et 40 % du territoire selon qu’on le définisse d’après son aridité ou selon des caractéristiques paysagères.
La Tunisie possède un relief contrasté avec une partie septentrionale et occidentale montagneuse, la dorsale tunisienne, située dans l’extension du massif montagneux de l’Atlas ; elle est coupée par la plaine de la Medjerda, le seul cours d’eau du pays qui soit alimenté de façon continue. Le point culminant du territoire est le Djebel Chambi culminant à 1 544 mètres9.
À l’est, une plaine s’étend entre Hammamet et Ben Gardane, via le Sahel tunisien et la Djeffara. La partie méridionale du pays, principalement désertique, est divisée entre une succession de chotts (Chott el-Gharsa, Chott el-Jérid et Chott el-Fejaj), des plateaux rocheux et les dunes du Grand Erg Oriental. Le littoral parsemé de tombolos et de lagunes s’étend sur 1 298 kilomètres dont 575 de plages sablonneuses. Quelques îles dont les Kerkennah et Djerba parsèment le littoral.
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Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises au climat méditerranéen de celles soumises au climat aride engendré par le Sahara. En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types de vents : la côte nord est exposée aux vents marins soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse des précipitations, et le sud du pays aux vents chauds et secs tels le sirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines. Le pays bénéficie également d’un taux d’ensoleillement important (dépassant 3 000 heures par an).
Les températures varient en raison de la latitude, de l’altitude et de la proximité ou de l’éloignement de la mer Méditerranée. S’il peut faire quelques degrés au-dessous de 0 °C en hiver dans les montagnes de Kroumirie, la température grimpe parfois en été aux environs de 50 °C dans les régions désertiques. La pluviométrie annuelle varie également selon les régions : d’environ 1 000 millimètres au nord à environ 380 mm au centre et moins de 300 mm au sud.
La flore varie beaucoup en fonction des régions : celle des régions côtières est semblable à celle de l’Europe méridionale et comprend prairies, garrigue, maquis et forêts de chênes-liège. Plus au sud, la végétation est de type steppique avec une dominance de l’alfa. Dans les régions arides de l’extrême sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers.
Huit aires naturelles ont été érigées en parcs nationaux. Le parc national de l'Ichkeul, qui s’étend sur 12 600 hectares, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco10. Il existe également seize réserves naturelles qui ont pour but d’être un habitat pour des espèces ayant une valeur écologique et économique et en tant qu’écosystèmes vulnérables.
Selon une étude du programme méditerranéen du WWF, la région côtière du nord-ouest figure parmi les treize sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, leur biodiversité et leurs espèces végétales et animales uniques.
L’espace tunisien apparaît inégalement peuplé et développé sur le plan socioéconomique selon un gradient intérieur - littoral (ouest - est) : les treize gouvernorats côtiers totalisent ainsi 65,3 % de la population totale avec une forte densité de population (140 habitants par km² contre 65,6 pour l’ensemble du pays11). L’économie y est diversifiée, l’activité industrielle se démarquant le plus avec la concentration de 85 % des établissements industriels du pays et même de 87,5 % de l’emploi dans ce secteur économique.
La Tunisie est urbanisée à 65,6 % en 200711 et connaît un taux d’urbanisation annuelle de 3,6 %. Le réseau urbain se situe sur la bande littorale orientale, entre les régions de Bizerte et Gabès en passant par Tunis, le Cap Bon, le Sahel et Sfax (centre-est du pays), qui dispose des plus grandes infrastructures économiques et concentre plus de 80 % de la population urbaine. Au terme du recensement de 2004, les principales agglomérations sont :
Principales municipalités de Tunisie | |||||||||||
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N° | Nom | Gouvernorat | Pop. (2004) | N° | Nom | Gouvernorat | Pop. (2004) | ||||
1 | Tunis | Tunis | 728 45312 | 11 | Sidi Hassine | Tunis | 79 38112 | ||||
2 | Sfax | Sfax | 265 13113 | 12 | La Marsa | Tunis | 77 89012 | ||||
3 | Sousse | Sousse | 173 04714 | 13 | Kasserine | Kasserine | 76 24315 | ||||
4 | Ettadhamen-Mnihla | Ariana | 118 48716 | 14 | Douar Hicher | La Manouba | 75 84317 | ||||
5 | Kairouan | Kairouan | 117 90318 | 15 | Ben Arous | Ben Arous | 74 93219 | ||||
6 | Gabès | Gabès | 116 32320 | 16 | Mohamedia-Fouchana | Ben Arous | 74 62019 | ||||
7 | Bizerte | Bizerte | 114 37121 | 17 | Monastir | Monastir | 71 54622 | ||||
8 | Ariana | Ariana | 97 68716 | 18 | Zarzis | Médenine | 70 89523 | ||||
9 | Gafsa | Gafsa | 84 67624 | 19 | Le Bardo | Tunis | 70 24412 | ||||
10 | El Mourouj | Ben Arous | 81 98619 | 20 | Houmt Souk | Médenine | 64 89223 | ||||
Sources : Institut national de la statistique |
La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats qui portent le nom de leurs chefs-lieux :
Tunis (تونس), Ariana (أريانة), Ben Arous (بن عروس), La Manouba (منوبة), Béja (باجة) |
Jendouba (جندوبة), Le Kef (الكاف), Siliana (سليانة), Bizerte (بنزرت), Nabeul (نابل) |
Zaghouan (زغوان), Gafsa (قفصة), Kairouan (القيروان), Kasserine (القصرين) |
Mahdia (المهدية), Monastir (المنستير), Sfax (صفاقس), Sidi Bouzid (سيدي بوزيد) |
Sousse (سوسة), Gabès (قابس), Kébili (قبلي), Médenine (مدنين), Tataouine (تطاوين), Tozeur (توزر) |
À leur tête se trouvent des gouverneurs, nommés par le président de la République, qui sont les « dépositaires » de l’autorité de l’État. Trois institutions les aident à accomplir leurs missions :
- le conseil local de développement ;
- le conseil rural ;
- le comité de quartier.
Aux côtés des gouverneurs se trouvent les Conseils régionaux qui sont chargés d’examiner « toutes les questions intéressant le gouvernorat dans les domaines économiques, sociaux et culturels ». Ils donnent ainsi leur avis sur les programmes et projets que l’État envisage de réaliser dans leur gouvernorat respectif, arrêtent le budget des gouvernorats et les impôts perçus au profit de la collectivité publique et établissent des relations de coopération avec des instances étrangères de niveau régional (après approbation du ministre de l’Intérieur).
Histoire
Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent du Paléolithique. C’est à vingt kilomètres à l’est de Gafsa, dans l’oasis d’El Guettar, que se rassemble une petite population nomade de chasseurs-cueilleurs moustériens25. Michel Gruet, l’archéologue qui découvre le site, relève qu’ils consomment des dattes dont il retrouve le pollen aux alentours de la source26 aujourd’hui asséchée27.
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À une culture ibéromaurusienne, répartie sur le littoral28 et relativement minime en Tunisie29, succède la période du Capsien, nom créé par Jacques de Morgan et issu du latin Capsa, qui a lui-même donné le nom de l’actuelle Gafsa30. Morgan définit le Capsien comme étant une culture allant du Paléolithique supérieur au Néolithique, couvrant ainsi une période qui s’étend du VIIIe au Ve millénaires av. J.-C.31.
D’un point de vue ethnologique et archéologique, le Capsien prend une importance plus grande puisque des ossements et des traces d’activité humaine remontant à plus de 15 000 ans sont découverts dans la région. Outre la fabrication d’outils en pierre et en silex, les Capsiens produisaient, à partir d’ossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements à partir de peaux d’animaux.
Au Néolithique (4500 à 2500 av. J.-C. environ), arrivé tardivement dans cette région, la présence humaine est conditionnée par la formation du désert saharien, qui acquiert son climat actuel. De même, c’est à cette époque que le peuplement de la Tunisie s’enrichit par l’apport des Berbères32, issus semble-t-il de la migration vers le nord de populations libyques33 (ancien terme grec désignant les populations africaines en général34). Le Néolithique voit également le contact s’établir entre les Phéniciens de Tyr, les futurs Carthaginois qui fondent la civilisation punique, et les peuples autochtones de l’actuelle Tunisie, dont les Berbères sont désormais devenus la composante essentielle. On observe le passage de la Préhistoire à l’Histoire principalement dans l’apport des populations phéniciennes, même si le mode de vie néolithique continue un temps à exister aux côtés de celui des nouveaux arrivants. Cet apport est nuancé, notamment à Carthage (centre de la civilisation punique en Occident), par la coexistence de différentes populations minoritaires mais dynamiques comme les Berbères, les Grecs, les Italiens ou les Ibères d’Espagne. Les nombreux mariages mixtes contribuent à l’établissement de la civilisation punique35.
L’entrée de la Tunisie dans l’histoire se fait par l’expansion d’une cité issue d’une colonisation proche-orientale36. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien d’autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d’Utique37, qui date de 1101 av. J.-C38. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr39 fondent la ville de Carthage40. D’après la légende, c’est la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de Tyr Pygmalion, qui est à l’origine de la cité41.
Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur l’extérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de la mer Méditerranée. Cette présence prend diverses formes, y compris celle de la colonisation40, mais reste d’abord commerciale42 (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.) La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante de Rome40 et de ses alliés massaliotes, campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois qu’est la Tunisie, à la veille des guerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait l’admiration des Romains.
La lutte entre Rome et Carthage prend de l’ampleur avec l’essor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., après un siège de trois ans42. À l’issue de la Troisième Guerre punique, Rome s’installe sur les décombres de la ville40. La fin des guerres puniques marque l’établissement de la province romaine d’Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage s’impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en 1440,43. En 44 av. J.-C., Jules César décide d’y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago44, mais il faudra attendre quelques décennies pour qu’Auguste lance les travaux de la cité45.
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La région connaît alors une période de prospérité où l’Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles33, comme le blé et l’huile d’olive45, grâce aux plantations d’oliviers chères aux Carthaginois40. La province se couvre d’un dense réseau de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l’heure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites de Dougga (antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla Regia, El Jem (Thysdrus) ou Thuburbo Majus.
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Partie intégrante de la République puis de l’empire avec la Numidie40, la Tunisie devient pendant six siècles le siège d’une civilisation romano-africaine d’une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l’art de la mosaïque, qui s’y distingue par son originalité et ses innovations45. Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d’époque impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, s’inscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à sa parèdre Tanit46. Le « carrefour du monde antique » voit aussi l’installation précoce de communautés juives44 et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes.
L’apogée du IIe et du début du IIIe siècles ne va toutefois pas sans heurts40, la province connaissant quelques crises au IIIe siècle av. J.-C. : la répression de la révolte de Gordien en 238 la frappe47 ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début du IVe siècle. La province est l’une des moins touchées par les difficultés que connaît l’Empire romain entre 235 et le début du IVe siècle. Avec la Tétrarchie, la province recouvre une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions publiques que d’habitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion personnelle de l’empereur Constantin40.
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