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CHOMOLANGMA

Réflexions sur le sens de la vie. Diversités culturelles et médiatiques.

Passagers du Titanic (2).

Publié le 27 Avril 2012 par CHOMOLANGMA in GÉOGRA-Milieu - Patrimoine mondial-monde maritime

Traversée

 

 

 

 


Entre autres distractions, les passagers de première classe disposent d'un gymnase.

 

 

 

 

L'attention apportée aux passagers diffère selon la classe. Ainsi, le nombre de stewards diffère : deuxième et troisième classe ont chacun une cinquantaine de stewards (la troisième classe étant prévue pour 300 passagers de plus), tandis que la première classe dispose de près de 150 stewards, affectés aux salons, salles de bains, ponts, ainsi qu'aux cabines (pour la grande majorité)46. Cependant, les classes inférieures ne sont pas négligées, et troisième comme première classes sont servies à table durant les repas. Ce n'était pas le cas sur certains navires, même récents, où les passagers de troisième classe devaient apporter leur propre nourriture et leurs ustensiles. Le Titanic s'inscrit à une époque où les compagnies maritimes commencent à considérer le passager de troisième classe comme un passager à part entière42.

Les distractions offertes aux passagers sont également diverses : ainsi, la première classe propose nombre de salons, un gymnase, des bains-turcs, un court de squash... En deuxième, les passagers disposent d'une bibliothèque, d'un fumoir et de ponts promenade. Les passagers de troisième classe, pour leur part, peuvent se réunir dans de grandes salles communes et se promener sur les ponts. Le jeune Frank Goldsmith s'est ainsi fait des amis et taché les mains en escaladant les grues de levage du navire47. Les passagers peuvent également emprunter jeux d'échecs, de cartes et des dominos entre autres48.

 


Restrictions 

 


En théorie, les passagers n'ont pas le droit de circuler d'une classe à une autre, et ce dans tous les sens. Il s'agit de mesures visant à réduire les contrôles sanitaires à l'arrivée du navire à New York. Les autorités portuaires considèrent en effet que les passagers de première et deuxième classe n'ont pas besoin de se plier à ces inspections. Cependant, si un passager de troisième classe entre en contact avec des passagers d'une autre classe, le risque qu'il ait pu propager une maladie rend les contrôles obligatoires pour tous les passagers49. Pour ne pas incommoder les passagers des classes supérieures en leur faisant perdre du temps au cours de telles procédures, les compagnies préfèrent donc compartimenter strictement les classes50. De plus, les barrières sociales sont encore très fortes dans les années 1910, et il est impensable pour la plupart des passagers de troisième classe de chercher à s'infiltrer en première, et inversement13.

Dans la pratique, la barrière entre la première et la deuxième classe est plus souple. Il arrive qu'un passager de première classe ait des amis en deuxième classe, auquel cas l'entrée de ce dernier en deuxième classe n'est pas choquante. De même, nombre de transatlantiques de l'époque autorisent un passager de première à inviter un passager de deuxième au Restaurant à la carte lorsque le navire en a un, mais la pratique est mal vue, et les abus conduisent parfois à son interdiction13. La vision populaire du Titanic fait souvent apparaître de grandes grilles bloquant les coursives pour empêcher les passagers de troisième classe de passer, et les présente comme la cause de la mort de nombre de ces passagers. On peut ainsi voir ces grilles dans le film Titanic de James Cameron. Cependant, aucun document ne prouve l'existence de telles grilles, qu'il s'agisse des plans du navire ou des photographies d'époque, et les explorations effectuées sur l'épave n'en ont pas certifié la présence. Il est fort probable qu'il y ait eu, à la place, des portes suffisamment imposantes pour faire comprendre aux passagers (souvent illettrés) que l'accès était interdit13. Des panneaux indiquant que l'accès à certaines zones du navire est interdit aux passagers d'une certaine classe sont également répartis sur le navire. De plus, sur les ponts extérieurs, les séparations sont souvent de simples barrièresNote 3,51. Le soir du naufrage, le colonel Archibald Gracie n'a ainsi aucun mal à enjamber ces séparations pour tenter de connaître la raison de l'arrêt du navire52.

 


Le naufrage et son bilan 

 


Article détaillé : Naufrage du Titanic.

Première classe 

 

 


La mort du major Achibald Butt dans le naufrage a causé un profond émoi aux États-Unis.

 

 

 

 

Rapidement après la collision du Titanic avec un iceberg, le 14 avril 1912 vers 23 h 40, l'équipage est chargé de réveiller les passagers afin de les faire monter vers les canots. Les stewards étant nombreux en première classe, l'évacuation se fait dans le calme. Chaque steward a la responsabilité d'un nombre réduit de cabines, et peut donc passer plus de temps avec les passagers, leur expliquer la situationNote 4,53. Certains se heurtent à des passagers récalcitrants. Ainsi, le steward Henry Etches tente sans succès de convaincre des passagers d'ouvrir la porte de leur cabine54 ; de même, Benjamin Guggenheim refuse d'enfiler un gilet de sauvetage au prétexte que « cela va faire mal55 ». Par la suite, il part avec son domestique revêtir ses plus beaux vêtements, décidé à « mourir en gentleman56 ». Un autre passager, Hugo Ross, atteint de dysenterie, refuse de quitter sa cabine, déclarant : « Il faudra bien plus qu'un iceberg pour me sortir de mon lit57,58 ! »

Les passagers de première classe ont, par le biais du Grand Escalier, un accès direct au pont supérieur où se trouvent les canots de sauvetage. Ils arrivent de fait les premiers près des embarcations et embarquent plus rapidement59. À ce moment, cependant, nombre de passagers et membres d'équipage ne croient pas à l'imminence du naufrage, et pour beaucoup, le paquebot reste l'endroit le plus sûr. Les canots partent donc souvent à moitié vides. Le premier canot à partir, le no 7, contient 19 personnes à son bord pour une capacité de 65 personnes60. De même, le canot no 1 part avec douze personnes à son bord : cinq passagers de première classe et sept membres d'équipage61. Même lorsque le sort du navire apparaît comme une évidence pour tous, certains refusent de partir. C'est le cas d'Ida Straus qui refuse de quitter son mari Isidor62.

Le bilan du naufrage se fait moins sentir en première classe : 60 % des passagers survivent, et seule une dizaine de femmes sur 150 sont au nombre des victimes63. Sur cinq enfantsNote 5, seule la petite Loraine Allison (2 ans), périt dans le naufrage avec ses parents. Ceux-ci avaient refusé d'embarquer dans un canot avant de retrouver leur bébé, Trévor, sans savoir que celui-ci avait déjà quitté le navire avec sa gouvernante, Alice Cleaver64. L'affaire a par la suite un fort retentissement dans la presse, une femme ayant été jusqu'à prétendre, dans les années 1940, qu'elle était Lorraine Allison57.

Le naufrage cause un grand nombre de morts parmi les passagers les plus célèbres à bord : John Jacob Astor, George Widener, Charles Hays, Arthur Ryerson et nombre d'autres sont au nombre des victimes. Une victime choque particulièrement aux États-Unis : il s'agit du major Archibald Butt, aide de camp du président William Howard Taft. Après la catastrophe, de nombreuses lettres de condoléances parviennent au chef d'État, profondément choqué par cette perte65.

 


Deuxième classe 

 


Lawrence Beesley a fourni un important témoignage sur le naufrage vu de la deuxième classe.

 

 

 

 

Le déroulement du naufrage pour les passagers de deuxième classe est notamment connu grâce au témoignage du professeur Lawrence Beesley, The loss of s.s. Titanic publié en 1912. Il y raconte qu'il n'a pas ressenti la collision en elle-même, mais a été alerté par l'arrêt des machines, qui a fait cesser le léger mouvement de va-et-vient de son matelas. Une première exploration sur le pont supérieur ne lui apprend rien, cependant, et le steward qu'il rencontre n'est pas capable de le renseigner66. Il fait plusieurs allers-retours entre le pont et sa cabine, avant de prendre la réelle mesure de la situation, et monte finalement attendre sur le pont des embarcations. Comme lui, nombre de passagers de deuxième classe sont massés autour des huit canots situés à l'arrière du pont supérieur, numérotés de 9 à 16. Ces canots, chargés depuis le pont B, font partie des plus remplis à partir67.

Beesley se trouve sur le pont supérieur alors que le canot no 13 est chargé. Tout à coup, une grande foule se précipite de l'autre côté du navire : l'auteur suppose que c'est là l'objet d'une rumeur selon laquelle les hommes embarquaient dans les canots bâbord, rumeur qui se révèle être fausseNote 6. Il se retrouve donc presque seul sur le pont, et est invité par un officier à sauter dans le canot, presque rempli68. À bord du canot se trouve également la jeune Ruth Becker, qui a été séparée de sa mère et de ses frères et sœurs, partis dans un autre canot69.

Tous les enfants de deuxième classe sont sauvés, et la plus grande partie des femmes survit. Cependant, seuls 8 % des hommes de deuxième classe sont rescapés, ce qui fait de cette catégorie la plus touchée dans le naufrage. Au total, 42 % des passagers de deuxième classe survivent70.

 


Troisième classe 

 


Le réveil des passagers de troisième classe est plus expéditif que dans les classes supérieures : les stewards sont moins nombreux et ont à s'occuper d'un grand nombre de cabines. Certains prennent la tête de groupes de passagers qu'ils tentent de mener aux canots. Selon la règle, et pour limiter l'affluence sur les ponts supérieurs, ces groupes sont composés de femmes et d'enfants71. D'autres tentent de trouver leur chemin par leurs propres moyens. Cependant, n'ayant pas accès au pont supérieur, la plupart des passagers ne trouvent pas les escaliers qui pourraient les y mener, et arrivent trop tard sur le pont13. D'autres n'ont pas attendu d'être réveillés par les stewards. Les hommes dormant dans les cabines situées à l'avant sont alertés par la collision. L'Irlandais Daniel Buckley descend ainsi de sa couchette et se rend compte que ses pieds sont mouillés. Ses compagnons de cabine râlent cependant lorsqu'il leur fait part du danger, et c'est seul qu'il part vers les canots72.

Face aux marins qui séparent les hommes des femmes pour guider celles-ci vers les canots, certaines familles refusent de se séparer : ainsi, les huit membres de la famille Goodwin périssent dans le naufrage73. De même, les onze Sage périssent : des témoignages indiquent que l'une des filles de la famille, Stella, est un temps montée dans un canot, mais en est ressortie en voyant que ses proches ne pourraient la rejoindre74. De plus, certains comme le jeune Alfred Rush refusent de partir. Ayant fêté ses seize ans le matin du naufrage, il décide de « rester avec les autres hommes59 ».

Contrairement à la légende, les passagers de troisième classe n'ont pas été séquestrés en attendant que les autres passagers aient été mis en sécurité59. Cependant, seuls 25 % de ces passagers survivent. C'est également la seule classe au sein de laquelle des enfants ont trouvé la mort, si l'on considère la mort de Lorraine Allison, en première classe, comme un cas particulierNote 7,70.

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