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CHOMOLANGMA

Réflexions sur le sens de la vie. Diversités culturelles et médiatiques.

Passagers du Titanic (1).

Publié le 26 Avril 2012 par CHOMOLANGMA in GÉOGRA-Milieu - Patrimoine mondial-monde maritime

Passagers du Titanic

 

 

 

 

Le Titanic quitte le port de Southampton le 10 avril 1912.

 

 

 

Les passagers du Titanic sont les mille trois cents personnes qui ont embarqué à bord de ce paquebot transatlantique pour sa seule traversée entre son départ le 10 avril et son naufrage le 15 avril 1912. Ils forment un groupe hétéroclite et sont répartis en trois classes selon le prix de leur billet, et, de fait, la qualité de service dont ils bénéficient. En première classe se trouve la frange supérieure de la société : puissants hommes d'affaires, politiques, militaires et lettrés s'y côtoient. La deuxième classe est accessible à des gens moins riches mais tout de même aisés : universitaires, ecclésiastiques et touristes notamment. Enfin, la troisième classe est destinée aux nombreux immigrants désireux de s'installer définitivement aux États-Unis. En plus de ces passagers payants se trouvent répartis en première et deuxième classe neuf employés des chantiers Harland & Wolff, chargés de s'assurer de la bonne marche du navire.

Le traitement de ces passagers varie selon la classe. Ainsi, les passagers de troisième classe sont soumis à de stricts contrôles sanitaires lors de l'embarquement, et sont totalement isolés des autres passagers, afin de faciliter les procédures d'arrivée à Ellis Island. À l'inverse, les deux classes supérieures font l'objet d'attentions particulières, et les plus notables ont même la chance d'être présentés aux principaux membres d'équipage. Durant la traversée, et bien que le service soit convenable pour tous, les passagers les plus aisés ont accès à un plus grand nombre de distractions (bains turcs, gymnase, piscine) là où les passagers de troisième classe doivent se contenter des ponts découverts et de salles communes.

Lorsque le Titanic heurte un iceberg et sombre, le sauvetage des passagers se fait de façon inégale. Contrairement à une idée répandue, les passagers de troisième classe n'ont pas été confinés dans les profondeurs du navire, et certains ont même très tôt été conduits aux canots de sauvetage. Cependant, le manque d'organisation face à l'urgence a conduit à l'égarement de nombreux passagers qui n'ont trouvé que trop tard le chemin du pont supérieur. Le nombre de victimes est élevé, notamment chez les hommes. Nombre de célébrités périssent dans le naufrage, telles que le colonel John Jacob Astor, homme le plus riche à bord. Certaines morts conduisent à des hommages de grande ampleur, et des monuments sont érigés en l'honneur de certaines victimes telles que le major Archibald Butt et Isidor Straus. Bien que de nombreux corps aient disparu, la White Star Line affrète plusieurs navires, notamment le Mackay-Bennett pour récupérer les dépouilles des victimes. Certaines sont réclamées et enterrées selon leur volonté ; les autres reposent dans trois cimetières de la ville de Halifax au Canada. Parmi les rescapés, certains voient leur réputation entachée par leur survie, associée à l'idée de lâcheté.





Des passagers aux origines diverses 

Première classe 
John Jacob Astor et son épouse Madeleine sont les passagers les plus riches du navire.

 

 

 

Lettre de Edward Pomeroy Colley, passager de première classe, adressée à sa belle-sœur Edie, posté depuis le RMS Titanic à Queenstown le 11 avril 1912.

 

 

 

Les passagers de première classe du Titanic, comme sur tous les paquebots de l'époque, font partie de la classe supérieure de la société. La plupart sont médecins, politiciens, industriels et hommes d'affaires. Voyageant en famille, ils sont souvent accompagnés de domestiques1. Ainsi, William Carter, homme d'affaires de Pennsylvanie voyage avec son épouse et ses deux enfants, ainsi que son valet, la servante de sa femme, et son chauffeur (ce dernier voyageant en deuxième classe)2.

Ils forment un ensemble hétéroclite. On trouve ainsi des militaires de carrière comme les colonels Archibald Gracie et John Jacob Astor IV qui, outre cette profession, sont aussi apparentés au milieu des affaires3, et le major Archibald Butt, aide de camp des présidents Théodore Roosevelt et William Howard Taft, de retour de vacances en Europe4. La traversée inaugurale du Titanic revêt un caractère exceptionnel qui pousse nombre de milliardaires à reporter leur retour pour voyager à bord du paquebot. Des grands noms de la finance embarquent ainsi à bord le 10 avril 1912 : Benjamin Guggenheim, magnat du cuivre, George Widener, possesseur d'une compagnie de tramways et première fortune de Philadelphie, John Thayer et Charles Hays, présidents de compagnies ferroviaires et Isidor Straus, propriétaire des grands magasins Macy's de New York5.

Hommes et femmes de lettres et d'art voyagent également à bord, notamment les écrivains Jacques Futrelle et Helen Churchill Candee6, le peintre Francis Davis Millet7 et le journaliste William Thomas Stead, invité à une conférence sur la paix dans le monde8. Des sportifs voyagent également à bord comme Karl Howell Behr et Richard Norris Williams, tennismen9. L'activiste et philanthrope Margaret Brown se trouvait aussi à bord. La première classe comprend par ailleurs des passagers aux fortunes très variables, et la différence de prix y est énorme. Ainsi, une cabine peut coûter de 86 livres d'époque pour les plus simples jusqu'à £660 pour les deux suites de luxe10.

Le départ est cependant troublé par une série d'annulations qui touchent notamment l'une de ces deux suites. Celle-ci doit tout d'abord être occupée par John Pierpont Morgan, propriétaire du paquebot, qui annule la traversée pour fêter son anniversaire à Vichy en galante compagnie. Henry Clay Frick réserve également la suite, mais sa femme s'étant blessé à la cheville, il doit reporter le voyage. La suite est finalement occupée à titre gratuit par Joseph Bruce Ismay, président de la White Star Line11.



Deuxième classe 


Michel et Edmond Navratil, surnommés « les orphelins du Titanic », étaient des passagers de deuxième classe.

 

 

 

Apparue à la fin du XIXe siècle à bord des paquebots, la deuxième classe est des plus hétéroclites. Y voyagent en effet des ecclésiastiques, des universitaires, des touristes et des entrepreneurs entre autres12. Avec l'augmentation de la qualité de leurs installations (celles du Titanic sont réputées avoir la même qualité que la première classe de nombre d'autres paquebots), des passagers qui auraient voyagé en première classe optent pour la deuxième et son environnement plus détendu13. Un billet de deuxième classe à bord du Titanic coûte environ 13 livres d'époque10.

Certains passagers de deuxième classe du Titanic ont marqué l'histoire du navire. Lawrence Beesley, professeur de physique et universitaire britannique est ainsi au nombre des rescapés et publie un récit détaillé de son expérience dès 1912 sous le titre de The loss of s.s. Titanic14. Michel Navratil et ses deux fils, Michel et Edmond font rapidement les titres de la presse après le désastre. Le père a en effet enlevé les enfants à leur mère dans l'espoir de pouvoir réunir sa famille en Amérique. Ayant péri dans le naufrage, il laisse deux enfants aux parents inconnus dont la photographie fait le tour du monde, légendée comme présentant « les orphelins du Titanic15 ».

Plusieurs passagers de deuxième classe sont également au nombre des tout derniers rescapés survivants. C'est le cas de Michel Navratil, qui est le dernier rescapé masculin lorsqu'il s'éteint en 2001, mais également celui d'Eva Hart. Celle-ci voyageait avec ses parents et a perdu son père dans le naufrage16. Par la suite, elle se prononce régulièrement contre les remontées d'objets provenant de l'épave du navire17. Enfin, Louise Laroche, morte en 1998, est l'une des trois passagers noirs du Titanic, avec sa sœur et son père. Ce dernier, originaire d'Haïti désirait en effet emmener sa famille (française) sur son île natale pour y vivre loin des discriminations18.



Troisième classe 


Sept des huit membres de la famille Goodwin. Tous ont péri dans le naufrage.

 

 

 

Descendant de l'entrepont, la troisième classe est celle de l'immigration. Les passagers sont pour une très grande partie en partance pour une nouvelle vie aux États-Unis. La plupart d'entre eux vient d'Irlande, justifiant l'escale du paquebot à Queenstown, mais les passagers viennent également de Scandinavie, d'Europe de l'Est, et parfois aussi d'Asie. Une trentaine de nationalités est ainsi représentée à bord19. Si certains voyagent en petits groupes (Millvina Dean est ainsi accompagnée de son frère et de ses parents), d'autres familles sont beaucoup plus nombreuses. La famille Goodwin compte ainsi huit membres, la famille Sage onze20.

Les compagnies maritimes craignent cependant le comportement de ces passagers. Les viols étant monnaie courante dans les entreponts de la fin du siècle précédentNote 1, les hommes et femmes célibataires sont séparés, les premiers à l'avant, les secondes à l'arrière. Les familles sont pour leur part logées dans les cabines centrales21. Les conditions d'hygiène sont également déplorables, et certains stewards témoignent avoir vu des passagers faire leurs besoins dans des recoins sombres des coursives plutôt que dans les toilettes, dont ils ne maîtrisent pas toujours l'usage22. La traversée y coûte environ 7 livres d'époque, ce qui représente pour la plupart des passagers l'équivalent de deux mois de salaire20.



Groupe de garantie 
Article connexe : Thomas Andrews.

 

 

 


Thomas Andrews était à la tête d'un groupe de garantie formé de neuf employés des chantiers Harland & Wolff.

 

 

 

Le Titanic étant un paquebot neuf, les chantiers Harland & Wolff sont soucieux de s'assurer de sa qualité et de son bon fonctionnement. Thomas Andrews, son concepteur, est à la tête d'un groupe de garantie avec huit employés des chantiers. Il prête attention aux moindres défauts du navire, quels qu'en soient les domaines23. Il n'hésite pas non plus à écouter les suggestions des membres d'équipage, ce qui lui vaut une certaine popularité auprès d'eux24. Il est accompagné en première classe de Roderick Chisholm, concepteur des canots de sauvetage25, et William Parr, électricienNote 2,26.

En deuxième classe voyagent William Campbell27, menuisier, Francis Parkes, plombier28, Ennis Hastings Watson, apprenti électricien29, et trois ajusteurs : Alfred Cunningham30, Anthony Frost31 et Robert Knight32.

Durant la traversée, ils étudient le fonctionnement des machines et des installations du navire. Ils se rendent ainsi compte que le chauffage des cabines de deuxième classe fonctionne mal33. Aucun des membres de ce groupe de garantie ne survit au naufrage34,35.

 




Passagers belges 



 

Sur les 1 324 passagers et 889 membres d'équipage du Titanic, 27 étaient de nationalité belge, dont 26 flamands et un wallon. La plupart des Belges étaient issus de condition modeste et se rendaient aux États-Unis pour la récolte des betteraves dans les États du centre du pays. Seuls sept belges survécurent au naufrage :

  • Bertha Mayné, seule passagère belge voyageant en première classe, était une chanteuse de cabaret âgée de 24 ans. Elle se rendait à Montréal en vue d'y habiter avec Quigg Baxter, son fiancé, qui a périt dans la catastrophe.
  • Jules Sap, Theodoor de Mulder et Jean Scheerlinckx, trois amis originaires de Flandre orientale qui se rendaient aux États-Unis pour la récolte des betteraves. Ils furent engagés par un impresario véreux qui les laissa sans le sou. Jules Sap, mort en 1966 à l'âge de 75 ans, fut le dernier Belge en vie des sept survivants.
  • Guillaume et Anna De Messemaecker, originaires de Wilsele et émigrés en Amérique dans la région de Tampico, y retournaient après être revenus en Belgique pour se marier. Anna De Messemaecker, traumatisée par son aventure, mourra internée en 1918 dans un asile psychiatrique.
  • Mathilde Pëde

 

 

Un traitement variable selon la classe

Embarquement 


Lors des escales de Cherbourg et Queenstown, les passagers embarquent sur des transbordeurs tels que le Nomadic.

 

 

 

Les passagers du Titanic embarquent à bord depuis trois villes : Southampton (le mercredi 10 avril à midi), Cherbourg (le 10 avril en début de soirée) et Queenstown (le 11 avril dans la matinée). À Southampton, les passagers embarquent directement depuis le quai. Ce n'est pas le cas dans les deux autres ports, où des transbordeurs sont nécessaires36. À Cherbourg, ce sont le Nomadic et le Traffic, conçus pour l'occasion37. À Queenstown, les transbordeurs sont plus anciens et sont l'Ireland et l’America38.

L'embarquement se fait dans tous les cas par des portes de coupée réparties des deux côtés du navire. Les premières classes embarquent sur les ponts D et B, où ils disposent de points d'arrivée de part et d'autre du Grand Escalier et de la salle de réception. Les passagers de deuxième classe disposent d'entrées à l'arrière des ponts C et E. Enfin, les troisièmes classes ont une porte réservée sur le pont E. En revanche, lorsqu'un transbordeur est requis, première et deuxième classe embarquent ensemble par la même coupée39.

Le jour du départ, les passagers de troisième classe embarquent les premiers, deux à trois heures avant que le navire ne quitte le port. En effet, ce sont les plus nombreux40. Ils sont également soumis à des contrôles sanitaires pour éviter la propagation de maladies aux États-Unis. Des contrôles ont donc lieu à l'arrivée et au départ. En effet, les compagnies doivent prendre à leur charge le retour des immigrants refusés par les services américains et préfèrent empêcher certains passagers d'embarquer13. La compagnie est également chargée de veiller à la constitution de registres recensant les passagers de troisième classe avant leur arrivée sur le sol américain41.

L'embarquement des passagers de deuxième classe débute moins d'une heure avant le départ39. Les passagers de première classe embarquent pour leur part au dernier moment. Des trains spéciaux, les Boat Trains sont affrétés depuis Londres pour acheminer les passagers. Celui destiné aux troisièmes classes part le premier ; le second est prévu plus tard, et est prioritaire sur sa voie de façon à arriver à l'heure pour l'embarquement sans faire venir trop tôt les passagers42. Lorsqu'ils arrivent à bord, les premiers passagers de première classe sont présentés au commandant Edward Smith et à ses officiers avant que ceux-ci ne regagnent la passerelle de navigation. Les passagers suivants sont accueillis par le commissaire de bord Hugh McElroy. Ils reçoivent ensuite un livret contenant des informations sur l'équipage, les prestations du navire et une liste des passagers de première classe43.

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