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CHOMOLANGMA

Réflexions sur le sens de la vie. Diversités culturelles et médiatiques.

Joseph Priestley (1).

Publié le 17 Août 2011 par CHOMOLANGMA in SCIENCES-Histoire-Biologie-Bota-Zoo- Médecine

Joseph Priestley
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Joseph Priestley
Image illustrative de l'article Joseph Priestley
Portrait de Priestley par Ozias Humphrey1, The Chemists’ Club Collection, Chemical Heritage Foundation Collections
Naissance 13 mars 1733
Birstall, West Yorkshire (Angleterre)
Décès 6 février 1804 (à 70 ans)
Northumberland (Etats-Unis)
Nationalité Drapeau de l'Angleterre Anglais
Champs Chimie, Physique, religion, philosophie
Renommé pour Philosophie naturelle
Oxygène
Historiographie
Distinctions médaille Copley (1772)

 

 

 

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Joseph Priestley (13 mars 1733 à Birstall, West Yorkshire6 février 1804 à Northumberland, Pennsylvanie) est un théologien, pasteur dissident, philosophe naturel, pédagogue et théoricien de la politique britannique qui publia plus de cent cinquante ouvrages. Connu pour ses travaux de chimiste et de physicien, on lui attribue généralement la découverte de l'oxygène qu'il a isolé dans son état gazeux. C'est en 1774 que Priestley produisit pour la première fois de l'oxygène. Cependant, en tant que partisan de la théorie phlogistique, il nomma ce nouveau gaz, l'air « déphlogistiqué », et ne se rendit pas compte de l'importance de sa découverte. Carl Wilhelm Scheele, lui aussi partisan de la phlogistique, revendiqua la découverte de l'« oxygène », mais c'est le chimiste français Antoine Lavoisier, père de la chimie moderne et démystificateur de la théorie phlogistique, qui identifia et donna à l'oxygène son nom2,N 1.

De son vivant, la réputation scientifique de Priestley résulte de sa « découverte » de l'eau gazeuse, de ses traités sur l'électricité et de ses études sur les différents « airs » (gaz), le plus connu étant celui qu'il baptise « l'air déphlogistiqué » (oxygène). Cependant, sa détermination à défendre la théorie phlogistique et son rejet des concepts qui vont conduire à la révolution chimique l'ont isolé au sein de la communauté des savants.

Les recherches scientifiques de Priestley sont intimement liées à sa réflexion théologique et, de manière constante, il s'efforce de proposer une synthèse entre le rationalisme des Lumières et le théisme chrétien3. Dans ses textes métaphysiques, il tente de rendre compatibles théisme, matérialisme et déterminisme, projet jugé « audacieux et original »4. Il pense qu'une bonne compréhension du monde naturel fera progresser l'être humain et finira par entraîner l'avènement du millénarisme4. Fervent partisan d'un libre échange d'idées, il plaide en faveur de la tolérance religieuse et de l'égalité des droits pour les dissidents religieux, ce qui le conduit à apporter son soutien à la fondation de l'Unitarisme en Angleterre. La nature controversée de ses publications, tout autant que son net soutien à la Révolution française lui valent d'éveiller la méfiance du public et du gouvernement. Il est finalement contraint de se réfugier aux États-Unis après l'incendie de sa maison et de son église, par des émeutiers, en 1791.

Chercheur et enseignant tout au long de son existence, Priestley contribue également au développement de la pédagogie, notamment par la publication d'un ouvrage sur la grammaire anglaise et l'invention de l'historiographie moderne. Ces écrits sur l'éducation sont parmi ses œuvres les plus populaires. Cependant, ce sont ses travaux métaphysiques qui connaissent l'influence la plus durable : des philosophes de renom, tels Jeremy Bentham, John Stuart Mill et Herbert Spencer, les citent comme références principales de l'utilitarisme.



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Jeunesse et études (1733-1755) 


Enfance et maladie

 

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Maison natale de Priestley, XVIIIe siècle, dessin, Smith Collection.
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Priestley est né en 1733 au sein d'une famille dissidente de l'Église d'Angleterre à Birstall, non loin de Batley dans la région historique du West Riding of Yorkshire. Il est l'aîné des six enfants de Mary Swift et Jonas Priestley (1700-1779), contremaître dans une manufacture de textiles. Afin de soulager sa mère, il est confié à son grand-père vers l'âge de un an. Lorsqu'elle meurt cinq ans plus tard (1739), il retourne chez lui. Son père s'étant remarié en 1741, Joseph Priestley va vivre chez son oncle et sa tante, Sarah et John Keighley, fortunés et sans enfant. Joseph est précoce et, à l'âge de quatre ans, il sait réciter sans hésitation les 107 questions et réponses du Westminster Shorter Catechism. Sa tante, qui le verrait bien épouser la carrière ecclésiastique, veille à ce qu'il reçoive la meilleure éducation. Il est inscrit dans les écoles de la région où il apprend le grec, le latin et l'hébreu5.

Vers 1749, Priestley tombe si malade qu'il croit sa fin proche. Élevé dans la foi calviniste, il considère qu'il faut avoir vécu la conversion au Christianisme pour assurer son salut et il est saisi par le doute qu'il ait jamais connu cette expérience. Ce bouleversement émotionnel finit par lui faire remettre en question son éducation théologique et rejeter la thèse de la prédestination pour accepter celle du salut universel. De ce fait, les Anciens (Elders) de sa paroisse refusent de l'admettre parmi eux6.

Les séquelles de sa maladie l'accablant d'un bégaiement permanent, Priestley se résigne à abandonner l'idée d'entrer dans les ordres. Afin de pouvoir rejoindre un membre de sa famille, commerçant à Lisbonne, il étudie le français, l'italien et l'allemand en plus du chaldéen, du syrien et de l'arabe. C'est le révérend George Haggerstone qui l'aide dans cette tâche et lui enseigne les rudiments des mathématiques, de la philosophie naturelle, de la logique et de la métaphysique à travers les travaux d'Isaac Watts, Willem Gravesande et John Locke7.

Daventry Academy 


Priestley décide cependant de revenir à ses études théologiques et s'inscrit en 1752 à Daventry, une académie dissidente8. L'étendue de ses lectures et de ses connaissances lui vaut d'être dispensé des deux premières années. Il poursuit alors ses études avec ardeur, ce qui, dans l'atmosphère libérale de l'école, oriente sa théologie plus à gauche et fait de lui un dissident rationaliste, détestant les dogmes et le mysticisme religieux. Les Dissidents rationalistes mettent l'accent sur l'analyse rationnelle de la nature et de la Bible9.

Priestley écrira que l'ouvrage qui l'influença le plus, à l'exception de la Bible, fut Observations on Man de David Hartley paru en 174910. Ces traités psychologiques, philosophiques et théologiques postulent une philosophie matérielle de l'esprit. Hartley ambitionne de construire une philosophie chrétienne dans laquelle les « faits » religieux et moraux peuvent être scientifiquement prouvés, but que partage Priestley et qui va l'occuper jusqu'à la fin de son existence. Lors de sa troisième année à Daventry, il décide de se consacrer au ministère, qu'il décrit comme étant « la plus noble de toutes les professions »11.

Needham Market et Nantwich (1755–1761) 

 

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Page de titre de The Rudiments of English Grammar (1761).
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Robert Schofield, principal biographe moderne de Priestley, parle de son premier « appel » de 1755, destiné à une paroisse dissidente de Needham Market dans le Suffolk, comme d'une « erreur », aussi bien pour son auteur que pour la congrégation12. Priestley aspire à une vie urbaine et au débat théologique, alors que Needham Market est une petite bourgade rurale avec une congrégation attachée à la tradition. La fréquentation du culte et les dons chutent brusquement lorsque les paroissiens découvrent l'étendue de son hétérodoxie. Bien que sa tante lui ait promis son soutien s'il accédait aux fonctions de ministre du culte, elle lui refuse son aide lorsqu'elle se rend compte qu'il n'est plus calviniste. Pour tenter d'augmenter ses revenus, Priestley envisage d'ouvrir une école, mais les familles du voisinage lui font savoir qu'elles n'y enverront pas leurs enfants. Cependant, sa série de conférences scientifiques intitulée Use of the Globes rencontre quelque succès12,13.

Ses amis de Daventry l'aident à obtenir un autre poste et, en 1758, il s'installe à Nantwich dans le Cheshire, où il connaît une existence plus heureuse. La congrégation rechigne moins à son hétérodoxie et il parvient même à fonder une école. Contrairement à de nombreux instituteurs de l'époque, Priestley enseigne à ses élèves la philosophie naturelle et leur achète des instruments scientifiques. Atterré par la mauvaise qualité des ouvrages de grammaire anglaise dont il dispose, il écrit son propre manuel The Rudiments of English Grammar (« Rudiments de grammaire anglaise ») en 176114. Ses innovations concernant la description de la grammaire anglaise, en particulier ses efforts pour la dissocier de la grammaire latine, ont conduit les universitaires du XXe siècle à le décrire comme « l'un des plus grands grammairiens de son temps »15. Après la publication de son Rudiments et de la réussite de son école, la Warrington Academy lui offre un poste d'enseignant en 176116.

L'Académie de Warrington (1761–1767) 


Intégration 

 

 

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Mary Priestley, par Carl F. von Breda (1793)17 ; fille du maître de forge Isaac Wilkinson, sœur de l'industriel John Wilkinson.
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En 1761, Priestley s'installe à Warrington pour y prendre son poste de professeur de langues modernes et de rhétorique à l’Academy. Il aurait préféré les mathématiques et la philosophie naturelle, mais la ville l'accueille avec sympathie et il s'y fait rapidement des amis. Le 23 juin 1762, il épouse Mary Wilkinson, de Wrexham. Commentant son mariage, Priestley écrira :

« Cette union s'avéra très appropriée et très heureuse, mon épouse étant une femme d'une excellente disposition, bien formée par la lecture, d'une grande force d'âme et d'esprit, et d'un tempérament affectueux et généreux au plus haut degré ; ayant de très forts sentiments pour autrui et très peu pour elle-même. Ainsi qu'excellant en toutes les affaires de la maison, ce qui me permit de consacrer tout mon temps à la poursuite de mes études et aux autres devoirs de ma charge. »N 2,18

Le 17 avril 1763, naît une fille qui reçoit le prénom de Sarah, en hommage à la tante qui a élevé son père19.

Éducateur et historien 


Conférences 


Tous les livres que publie Priestley à Warrington placent au premier plan l'étude de l'histoire, essentielle à ses yeux pour assurer la réussite matérielle et l'accomplissement religieux. Celle des sciences et du christianisme tend à recenser et valoriser les progrès de l'humanité ce qui, paradoxalement, entraîne une certaine dépréciation du pur « christianisme primitif »20.

Dans son Essay on a Course of Liberal Education for Civil and Active Life (1765)21, Lectures on History and General Policy (1788) et d'autres ouvrages, Priestley soutient que l'éducation de la jeunesse doit anticiper et prendre en considération ses futurs besoins matériels. Ce principe d'utilité conditionne son choix d'un programme non conventionnel pour ceux de ses étudiants qui aspirent à s'intégrer à la classe moyenne : ainsi, il recommande l'étude des langues modernes, plutôt que classiques, et de l'histoire moderne, de préférence à celle de l'Antiquité.

 

 

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Une version manuscrite de A Chart of Biography (1765)
Priestley était d'avis que ses Charts donneraient à ses étudiants « une juste image de l'essor, du progrès, de l'étendue, de la durée et de l'état actuel de tous les grands empires ayant jamais existé de par le monde »N 3,22.
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Les conférences que Priestley donne sur l'histoire ont un véritable caractère révolutionnaire : il traite d'une histoire providentialiste et naturaliste, faisant valoir que l'étudier favorise la compréhension des lois naturelles de Dieu. En outre, sa perspective millénariste est étroitement liée à son optimisme concernant le progrès scientifique et l'accomplissement de l'humanité : pour lui, chaque époque et chaque génération sont meilleures que les précédentes, et l'étude de l'histoire permet à la fois de prendre conscience de ce progrès et d'y participer.

Démarche insolite à l'époque, Priestley préconise également l'éducation des femmes de la classe moyenne23. Certains spécialistes de l'éducation le classent parmi les meilleurs auteurs anglais de cette discipline, entre John Locke au XVIIe siècle et Herbert Spencer au XIXe siècle24. Lectures on History est bien accueilli et est utilisé dans de nombreux établissements d'enseignement, tels que le New College de Hackney, Brown, Princeton, Yale et Cambridge25,26. Comme soutien visuel à ses conférences, Priestley met au point deux schémas27 qui restent populaires pendant des décennies. Les administrateurs de Warrington sont si favorablement impressionnés par ses conférences et ses schémas qu'ils recommandent à l'université d'Édimbourg de lui décerner un doctorat en droit, ce qui est fait en 176428.

History of Electricity 

 

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La machine électrique de Priestley, pour chercheurs amateurs, illustrée dans la première édition de son Familiar Introduction to Electricity (1768), qu'il tenta de commercialiser, sans succès, avec son frère Timothy29.
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La stimulante atmosphère intellectuelle de Warrington, qu'au XVIIIe siècle on surnomme fréquemment l'« Athènes du Nord », favorise l'intérêt croissant de Priestley pour la philosophie naturelle. Il donne des conférences sur l'anatomie et réalise des expériences sur la température avec son collègue et ami John Seddon30,31. De plus, malgré sa lourde charge de travail, il décide de rédiger une histoire de l'électricité. Certains amis lui présentent les principaux chercheurs de la Grande-Bretagne en ce domaine, John Canton, William Watson, et un visiteur, Benjamin Franklin, qui tous l'encouragent à réaliser les expériences qu'il désire inclure dans son historique. Dans un premier temps, il en reproduit certaines, mais s'apercevant que plusieurs questions restent sans réponse, il entreprend d'en concevoir de nouvelles pour les élucider32,33. Impressionnés par ses schémas et le manuscrit de son histoire de l'électricité, Canton, Franklin, Watson et Richard Price proposent la candidature de Priestley à une bourse de la Royal Society, qu'il obtient en 176634.

En 1767, sont publiées les sept cents pages de The History and Present State of Electricity (Histoire et état actuel de l'électricité) dont l'accueil s'avère aussitôt favorable35. La première moitié de l'ouvrage consiste en une histoire de l'étude de l'électricité jusqu'en 1766 ; la seconde et la plus importante présente une description des théories contemporaines et élabore des pistes de recherche. Dans cette deuxième section, Priestley fait état de certaines de ses propres découvertes, telles que la conductivité du charbon de bois et autres substances, ainsi que le continuum entre conducteurs et isolant électrique36.

Cette dernière découverte bouleverse ce qu'il décrit comme étant « l'une des premières et plus universelles idées reçues concernant l'électricité », à savoir que seule l'eau et les métaux sont conducteurs. Ses expériences sur les propriétés électriques des matériaux et les effets électriques des transformations chimiques montrent l'intérêt croissant qu'il porte à la relation existant entre substances chimiques et électricité37. Sur la base d'expériences réalisées avec des sphères chargées électriquement, Priestley est le premier à avancer l'idée que la force électrique suit une loi en carré inverse, semblable à celle de Newton sur la gravitation universelle. Cependant, il ne met pas au point la formule elle-même36, qui est énoncée dans les années 1780 par le physicien français Charles Augustin de Coulomb et connue depuis sous le nom de « loi de Coulomb ».

La grande force de Priestley, en tant que philosophe naturel, repose sur la qualité de ses recherches, plutôt que sur leur quantité. Son étude sur le « courant d'air » entre deux points chargés électriquement, par exemple, sera reprise par Michael Faraday et James Clerk Maxwell dans leurs recherches sur l'électromagnétisme. Le texte de Priestley devient, durant un siècle, l'ouvrage de référence sur l'histoire de l'électricité : tant Alessandro Volta, l'inventeur de la pile électrique, que William Herschel, qui découvrit le rayonnement infrarouge, ou Henry Cavendish, qui isola l'hydrogène, tous se réclament de lui. En 1768, Priestley écrit aussi une version de vulgarisation de son ouvrage intitulée A Familiar Introduction to the Study of Electricity38.

Leeds (1767–1773) 

 

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Le premier portrait connu de Priestley, intitulé Portrait de Leeds (vers 1763), Birmingham, archives municipales
À l'exception de sa participation à la Commission de la bibliothèque de Leeds, Priestley ne s'impliqua pas dans la vie sociale de la cité39.
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Peut-être contraint par la santé fragile de son épouse, ou en raison de problèmes financiers, ou encore désireux de s'imposer à la communauté qui l'avait rejeté dans sa jeunesse, Priestley quitte Warrington en 1767 et installe sa famille à Leeds où il devient ministre du culte de la Mill Hill Chapel. Les Priestley y célèbrent la naissance de deux fils : Joseph junior le 24 juillet 1768 et William trois ans plus tard. À Leeds, parmi leurs rares amis, se trouve Theophilus Lindsey, recteur à Catterick, qui écrit à propos de Priestley : « Je préfère ne jamais rien publier d'important concernant la théologie sans le consulter »40. Bien que Priestley ait des parents éloignés vivant à proximité, il ne semble pas qu'il ait entretenu de relations avec eux, peut-être, selon Schofield, parce qu'on le considérait comme un hérétique41. Tous les ans, il se rend à Londres pour s'entretenir avec son éditeur et ami proche Joseph Johnson et pour participer aux réunions de la Royal Society42.

Ministre du culte 


Lorsque Priestley devient son ministre, la Mill Hill Chapel est l'une des plus anciennes et des plus respectées congrégations dissidentes d'Angleterre. Cependant, au début du XVIIIe siècle, une scission est intervenue sur des questions de dogme et certains membres ont rejoint le charismatique mouvement méthodiste43. Priestley est convaincu que c'est par l'éducation de la jeunesse qu'il pourra renouer et renforcer les liens distendus44.

 

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Institutes of Natural and Revealed Religion.
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Dans les trois volumes de son monumental Institutes of Natural and Revealed Religion (1772–74)45, il présente ses conceptions de l'enseignement religieux. De plus, démarche encore plus importante, il y expose sa foi dans le socinianisme. Ces doctrines vont devenir celles des unitariens britanniques. L'ouvrage marque un changement dans sa pensée théologique et s'avère essentiel à la compréhension de ses écrits ultérieurs ; en effet, il ouvre la voie à son matérialisme et à son nécessitarisme, croyances selon lesquelles un être divin agit en conformité avec les lois essentielles de la métaphysique46.

L'argument majeur des Institutes est que seules sont acceptables les vérités religieuses correspondant à l'expérience que chacun a de la nature. Ainsi, conception religieuse et compréhension de la nature restant indissociables, le texte du théisme repose sur l'argument de la conception47. Les Institutes choquent et consternent de nombreux lecteurs, principalement parce que se trouvent remis en question l'orthodoxie chrétienne de base, la divinité du Christ et le miracle de la conception virginale. Les Méthodistes de Leeds écrivent alors un hymne demandant à Dieu :

« […] the Unitarian fiend expel
And chase his doctrine back to Hell. »N 4,48

Priestley souhaite que le christianisme revienne à sa forme « primitive » ou « pure », par l'élimination des « corruptions » (dévoiements) qui se sont accumulées au fil des siècles. La quatrième partie des Institutes, An History of the Corruptions of Christianity, est si longue qu'il est contraint de la publier séparément en 1782. Il considère Corruptions comme l'ouvrage le plus précieux qu'il ait jamais publié. En exigeant l'application de la logique des sciences émergentes et de l'histoire comparée à la Bible et au christianisme, il s'aliène aussi bien les lecteurs religieux que scientifiques, les premiers rejetant l'application de la science à la religion, et les seconds n'appréciant pas de voir la science utilisée pour sa défense49.

Polémiste religieux 


Priestley s'engage alors dans une guerre de pamphlets politiques et religieux. Selon Schofield, « il entre dans chaque controverse avec la joyeuse conviction qu'il a raison, alors que la plupart de ses adversaires sont convaincus, dès le début, qu'il a, en toute connaissance de cause, malicieusement tort. Il a beau jeu, alors, d'opposer sa « douce raison » à leur rancœur d'ordre personnel. »50. Schofield souligne que de tels débats ne l'incitent que rarement à changer d'avis50. Pendant son ministère à Leeds, il écrit des pamphlets sur l'Eucharistie et sur la doctrine calviniste, qu'il publie à des milliers d'exemplaires, si bien que ces écrits figurent parmi les plus lus de son vivant51.

En 1768, Priestley fonde le Theological Repository, journal visant à traiter des questions théologiques dans la transparence et ouvert à toutes les tendances. Pourtant, les seuls auteurs qui soumettent des articles sont ceux qui partagent ses idées. Il est donc contraint d'en écrire lui-même une grande partie, matériau qui servira de base à nombre de ses œuvres ultérieures, théologiques et métaphysiques. Au bout de quelques années, le manque de moyens financiers le contraint à interrompre cette publication52. Il fait renaître le journal en 1784, mais sans plus de succès53.

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