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CHOMOLANGMA

Réflexions sur le sens de la vie. Diversités culturelles et médiatiques.

Festival de Cannes (1).

Publié le 2 Juin 2012 par CHOMOLANGMA in ARTS De l'image(Cinéma-théâtre-BD-Photo)

Festival de Cannes

 

 

 

 

Festival de Cannes
Image associée au festival
Logo du festival de Cannes

Date de création 1946
Voir les festivals par année
Créateur Jean Zay
Prix principal Palme d'or
Voir la liste des prix décernés
Président Gilles Jacob
Délégué général Thierry Frémaux
Édition courante Festival de Cannes 2012
Durée 12 jours
Lieu Palais des festivals et des congrès de Cannes, France
Site web festival-cannes.fr

 

 

 

 

 

 

 

Le festival de Cannes, fondé en 1946 sur un projet de Jean Zay1, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire, et appelé jusqu’en 2002 le Festival international du film, est un festival de cinéma international se déroulant chaque année à Cannes (Alpes-Maritimes, France) durant douze jours.

Il est devenu, au fil des années, le festival de cinéma le plus médiatisé au monde2, notamment lors de la cérémonie d'ouverture et la montée des marches : le tapis rouge et ses vingt-quatre « marches de la gloire »3. Le Festival est aussi beaucoup critiqué, et fut à l'origine de plusieurs scandales ou controverses que relayèrent magazines et journaux, français et étrangers.

Chaque année, durant la seconde quinzaine de mai, des cinéastes et des milliers de journalistes se déplacent à Cannes. Les principales projections ont lieu au Palais des Festivals et des Congrès, situé sur le boulevard de la Croisette.

Parallèlement au Festival, plusieurs sections ont été créées au fil des ans. Parmi elles, on retrouve la Quinzaine, la Cinéfondation, la Semaine de la critique, Un certain regard, et surtout le Marché du film de Cannes, le premier au monde, en importance, avec 11 000 participants4.

Les producteurs et distributeurs y trouvent des partenaires pour le financement de leurs projets de films, et vendent les œuvres déjà tournées aux distributeurs et télévisions du monde entier.

Ce Festival, manifestation touristique et mondaine5, a été créé pour récompenser le meilleur film, le meilleur réalisateur ou le meilleur acteur et la meilleure actrice d'une compétition internationale de films. Plus tard, d'autres prix décernés par un jury de professionnels, d'artistes et d'intellectuels, sont apparus, comme le Prix du Jury, le Grand Prix et surtout la Palme d'or. Aujourd'hui, la sélection officielle se veut le reflet de la production cinématographique mondiale. La compétition met généralement en exergue le cinéma d'auteur ou de recherche.






Histoire

 


Genèse et première édition annulée (1939)

 

 

 


Affiche du film Le Magicien d'Oz de Victor Fleming qui aurait dû faire partie de la sélection du 1er festival avorté en 1939

 

 

 

 

 

La France ressent dès l'Exposition spécialisée de 1937 le désir de consolider son prestige culturel en organisant une compétition internationale de films. À la fin des années 1930, choqués par l’ingérence des gouvernements fascistes allemand et italien dans la sélection des films de la Mostra de Venise — inaugurée en août par le docteur Joseph Goebbels —, Émile Vuillermoz et René Jeanne soumettent à Jean Zay, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, l'idée d'un festival international de cinéma en France6. Jean Zay est intéressé par la proposition7, et est encouragé par les Américains et les Britanniques, qui boycottent la Mostra de Venise : Harold Smith, représentant à Paris de la Motion Picture Association of America et Neville Kearney, délégué officiel du cinéma britannique en France, s'engagent à soutenir la manifestation et à y amener des vedettes8. Le festival se veut un partenariat franco-américain qui crée le plus grand marché du film mondial9. Plusieurs villes sont candidates, notamment Vichy, Biarritz et Alger mais Cannes, dont Henri-Georges Clouzot apprécie l’agrément et l’ensoleillement, est choisie. Philippe Erlanger, associé à l'entreprise, est le premier délégué général du Festival10.

En juin 1939, Louis Lumière accepte d'être le président de la première édition du Festival qui doit se dérouler du 1er au 20 septembre. Il avait alors déclaré vouloir « encourager le développement de l’art cinématographique sous toutes ses formes et créer entre les pays producteurs de films un esprit de collaboration ». La sélection française est arrêtée et comprend L'Enfer des anges de Christian-Jaque, La Charrette fantôme de Julien Duvivier, La Piste du nord de Jacques Feyder et L'Homme du Niger de Jacques de Baroncelli.

Parmi les films étrangers, on retrouve Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, Pacific Express (Union Pacific) de Cecil B. DeMille, Au revoir Mr. Chips (Goodbye Mr Chips) de Sam Wood et Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Zoltan Korda.

Le peintre Jean-Gabriel Domergue, cannois par adoption, crée la célèbre affiche du 1er Festival.

Dès le mois d'août, les vedettes affluent et la Metro-Goldwyn-Mayer affrète un paquebot transatlantique pour amener les stars d'Hollywood : Tyrone Power, Gary Cooper, Annabella, Norma Shearer et George Raft. On prévoit des fêtes ; inspirés par le film Quasimodo, les Américains projettent de construire une réplique de Notre-Dame de Paris sur la plage de Cannes10. Le 1er septembre, jour de l'ouverture, les troupes allemandes pénètrent en Pologne, et le Festival est annulé.

 

 

Les débuts du Festival

 


La première édition du Festival se déroule après la guerre, du 20 septembre au 5 octobre 1946, dans l'ancien casino de Cannes, sur les volontés de Philippe Erlanger, chef du service des Echanges artistiques au ministère des Affaires étrangères, et de la confédération générale du travail11 dont le réalisateur Louis Daquin est membre. Le Ministère des Affaires étrangères et la ville de Cannes12,13,14 prennent en charge le financement.

Il fut un temps question que le Festival de Cannes et la Mostra de Venise aient lieu chaque année en alternance15. La France et les professionnels du cinéma ignoraient cet accord16. En 1946, le Festival fut un succès et les cinéastes attendaient une nouvelle édition en 194716. Lorsque l'accord fut dévoilé, il fut vivement critiqué, certains parlant d'une « capitulation de la France »16, d'après le magazine La Technique Française.

 

 

 

 

 

Le Palais des Festivals et des Congrès, construit pour le Festival en 1979

 

 

 

 

 

Le gouvernement refusant de financer un Festival annuel, le Palais des Festivals fut construit dans la précipitation par le syndicat pour accueillir l'édition de 194717. Encore aujourd'hui, la Fédération CGT des syndicats du spectacle siège au conseil d'administration du Festival18. Cette année, les organisateurs du Festival décidèrent que le jury serait composé d'un représentant par pays19.

Le Palais des Festivals et des Congrès (également appelé Palais Croisette), inauguré le soir du 11 septembre 1947 (le Festival dura du 12 au 25), fut remplacé par un nouveau palais en 1983, grâce au maire de Cannes, le Docteur Raymond Picaud (fils du Docteur André Picaud et de Marthe Pabot du Chatelard). La toiture, inachevée20, s'étant envolée pendant un orage vers la fin de Festival, le bal de clôture et la remise des prix eurent lieu au Casino municipal21.

Robert Favre Le Bret rejoint la direction du Festival en 1947 et instaure le principe de la Commission de sélection : le Centre national de la cinématographie doit donner à la commission de sélection les dates et règlements des autres festivals internationaux en précisant les délais de l'envoi des films. Les producteurs sont ensuite informés et peuvent envoyer leur(s) film(s) à la Commission, qui établit ensuite la sélection. Ces films devaient être conformes aux règles de censure de l'époque. Pendant la Guerre froide, la liste devait être validée par le Ministère qui s'occupait de la Cinématographie, et celui des Affaires étrangères22. Ainsi, durant l'année 1947, le Festival s'institutionnalise, s'organise, et trouve ses marques au sein de l'Europe, où les festivals de cinéma se multiplient. Le Festival n'a pas eu lieu en 1948 et en 1950 officiellement en raison de problèmes budgétaires23, et peut-être à cause d'un contrat avec la Mostra de Venise qui les faisait se dérouler en alternance un an sur deux15.

Depuis 1951, le Festival a lieu durant le printemps, et abandonne une date proche de celles de la Mostra de Venise et du Festival de Locarno. La Palme d'or est créée en 1955, à l'initiative de Robert Favre Le Bret, pour remplacer le « Grand Prix du Festival International du Film » que l'on décernait au réalisateur du meilleur film de la compétition. Le Délégué Général avait réuni tout le Conseil d'Administration du Festival et invité des joailliers de toute l'Europe pour présenter le trophée de la Palme d'or24. Le Conseil avait choisi un dessin de Lucienne Lazon. La première Palme fut remise cette même année à Delbert Mann pour Marty. Le Grand prix reprend sa place de 1964 à 1974, puis disparaît.

À partir des années 1950, Cannes devient le plus grand événement du cinéma mondial9. Peu à peu, comme le souhaite le critique André Bazin, le festival s'occupe plus de cinéma, et moins de mondanités, de patriotisme et de diplomatie (jusque dans les années 1970, les ambassades présentaient les films choisis par leur gouvernement)25. De grands cinéastes y présentent des œuvres majeures : Roberto Rossellini, Federico Fellini, Ingmar Bergman, Elia Kazan, Joseph L. Mankiewicz, Robert Wise, William Wyler, Michelangelo Antonioni, Vittorio De Sica, Andrzej Wajda, Satyajit Ray, Luis Buñuel et Akira Kurosawa.

 

 

De nouvelles ambitions

 


En 1959, le Prix de la mise en scène récompense François Truffaut pour Les Quatre Cents Coups, qui avait fustigé un festival de promotion et de théâtre politique condamné à disparaître. Cette même année, Alain Resnais présente Hiroshima mon amour qui choque, trois ans après le scandale de son documentaire sur les camps de concentration Nuit et Brouillard25. La Nouvelle Vague est lancée.

Cette même année a lieu le premier Marché du film, qui facilite les échanges entre vendeurs et acheteurs de l'industrie du cinéma, et est devenu la première plate-forme mondiale pour le commerce international du film26. En 2007, il a accueilli plus de 10 000 participants provenant de 91 pays27.

Dans les années 1960, la notion de « film de festival » fait débat25 mais on découvre des réalisateurs dont le talent est immédiatement reconnu et le travail largement récompensé : Andreï Tarkovski, Miklós Jancsó, István Szabó ou encore Glauber Rocha.

En 1962 eut lieu la première Semaine internationale de la critique28, créée pour « de mettre à l’honneur les premières et deuxièmes œuvres des cinéastes du monde entier »29. La Semaine internationale de la critique visionne d'autres films que les sept courts et sept longs métrages en compétition. Ainsi François Ozon, Alejandro González Iñárritu, Julie Bertuccelli et Éléonore Faucher y ont été découverts30. En 1965, le Festival rend hommage à Jean Cocteau, décédé le 11 octobre 1963, en le nommant président d'honneur du Festival à vie. L'année suivante, Olivia de Havilland est la première femme président du jury.

Le Festival de Cannes 1968 fut interrompu le 19 mai, les séances de projections officielles du Festival étant souvent annulées à cause de manifestants étudiants31. Dès le 13 mai, ces étudiants envahirent le Palais des Festivals. Le 18 mai, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch, Claude Berri, Roman Polanski, Louis Malle et Jean-Pierre Léaud se mêlent au mouvement étudiant qui agite Cannes28. Ils se révoltent aussi contre le ministre de la culture André Malraux qui avait alors démis Henri Langlois de son poste de directeur de la Cinémathèque française31. Pour aider ces célébrités, Alain Resnais, Carlos Saura et Miloš Forman retirent leur film de la compétition. Le Festival est pris d'assaut, et devient un lieu politique. Le 19 mai, les organisateurs annulent le Festival31.

 

 

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