Après les fouilles des années 1930, le , Hern Siegfried Weber découvre, au sein d'un dépotoir situé au niveau de l'entrée sud-ouest, deux fragments de figurine53,54,55. Les pièces, probablement deux parties d'une tête de lion confectionnée en ivoire de mammouth, ne peuvent cependant pas être jointes l'une à l'autre car il manque la section médiane53,54,55. Weber conserve l'un des deux fragments dans sa collection privée, tandis que l'autre moitié de la tète de lion est conservée au Landesmuseum Württemberg, à Stuttgart54,53,55. Durant la même période, le géologue K. Bleich met en évidence, dans un dépôt sédimentaire constitué de grès, un artefact présentant une perforation55,53. G. Riek, dans une publication de 1954, estime que l'objet retrouvé par Bleich est une figurine représentant un mammouth55,53. Cette hypothèse est infirmée par Joachim Hahn en 1986 : en effet, en raison du « manque de clareté » de l'analyse de Riek, il considère que la pièce est plus probablement un pendentif plutôt qu'une figurine55.
La première campagne de fouilles « officielle » de la caverne est menée en 1978 par l'archéologue Eberhard Wagner. Deux sondages, sous la forme de tranchée, sont alors pratiqués à proximité de l'entrée de la grotte. Toutefois, les résultats archéologiques obtenus par cette campagne se révèlent modestes26.
Entre 1954 et 1987, plusieurs archéologues, paléontologues et préhistoriens effectuent des analyses et examens du gisement recueilli par Riek et son équipe lors de la campagne d'excavation des années 193039,30. En 1954, le paléontologue Ulrich Lehmann effectue une analyse d'une partie des fossiles fauniques30. En 1957, le préhistorien Hansjürgen Müller-Beck, puis en 1965 la préhistorienne Denise de Sonneville-Bordes, et enfin en 1977, le préhistorien et archéologue Joachim Hahn réalisent les inventaires de l'industrie lithique issue de la caverne39,30. En 1972, puis 1977, 1986 et 1987, G. Albrecht, Hahn et Müller-Beck réalisent successivement des études sur les artefacts à matériau organique provenant de la caverne39,30.
La dernière campagne d'investigations de la grotte s'échelonne entre 2005 et 201246,56. Le programme de prospections archéologiques, amorcé par l'université de Tübingen, débute sur le site de fouilles en 56,26. Le chantier de fouilles est dirigé par l'archéologue américain Nicholas J. Conard56,26. Les recherches sont en grande partie orientées sur les déblais sédimentaires dégagés par Riek dans les années 193046,26,56. Ces déblais, dont les analyses et examens ont été incomplets — aucun tri ni tamisage n'ont été opérés46 —, reposent sur le devant de l'une des entrées. Parmi les déblais, les fouilleurs ont mis en évidence 297 kg de fossiles, 128 kg d'ivoire de mammouth, 44 000 artefacts en pierre et 68 000 éclats. Sont associés à ces éléments, plusieurs figurines et objets mobiliers57,9,30,58. L'ensemble des déblais, d'un volume total de 16 litres, ont été répartis en 50 sacs de quelques centimètres de diamètre58. Ces dépôts sédimentaires, à contrario des travaux de 1931, ont tous été tamisés à l'eau durant la campagne de 2005-201259.
Lors de ces prospections, l'équipe de fouilleurs, qui comprend une quinzaine d'étudiants58, a également mis en évidence des ossements humains. La datation au carbone 14 de ces restes fossilisés a révélé qu'ils sont vieux d'environ 5 000 ans9.
Une statuette représentant un mammouth et une autre figurant un torse de lion des cavernes ont été mises en évidence en 2006 par l'un des sondeurs du chantier de fouilles de la Vogelherd60,61,62,63,64. Le fouilleur a communiqué le résultat de ses découvertes au centre d'information du parc archéologique de Vogelherd62. En 2007, venant compléter la mise au jour de la figurine de mammouth, trois fragments de flûtes d'os et d'ivoire ont été trouvés65. La campagne de fouilles de 2005-2012 a également permis de retrouver, parmi les déblais placés devant l'accès sud-ouest de la Vogelherd, près de 350 perles datées de la période aurignacienne46.
Les travaux de triage des artefacts mis au jour pendant la campagne de 2005-2012 ainsi que le bilan archéologique sont réalisés en 201466,67. En 2015, le bilan et les résultats de cette campagne de fouilles sont présentés au cours d'un congrès annuel organisé par la Société Hugo Obermaier (Hugo-Obermaier-Gesellschaft) et tenu à Heidenheim66.
Die Mammutjäger vom Lonetal, qui est réédité en 195168, puis en 200050, est remanié en 2014, sous la direction de Nicholas J. Conard et de l'archéologue Ewa Dutkiewicz52. Pour Eva Dutkiewicz, Riek, dont le « passé de nazi est incontesté », a entrepris des travaux dans la grotte de Vogelherd qui n'ont pas été réalisés dans d'« excellentes conditions », mais qui ont rendu le préhistorien célèbre52. En outre, les résultats de l'analyse isotopique des ossements humains ont montrés que Riek en a donné une interprétation erronée, les tests d'ADN fossile étant alors inconnus du préhistorien52.
Stratigraphie de la grotte
La stratigraphie de la Vogelherd présente une stratigraphie de 3 m d'épaisseur69. Les niveaux archéologiques contenant du mobilier (artefacts et écofacts) datés de l'Aurignacien font, à eux seuls, 1,5 m d'épaisseur70. La culture du Gravettien est totalement absente des différents niveaux stratigraphiques de la grotte69,26,9,71.
La stratigraphie du site préhistorique est composée de 9 niveaux numérotés par des chiffres romains allant de I à IX69,72,9,71. Les neuf niveaux sont recouverts par une couche d'humus de 0,20 m d'épaisseur et contenant des matériaux sédimentaires45,73. En outre, une couche « stérile »Note 6 s'intercale entre les étages V et VI77,72,9,71.
Lors de la première campagne de fouilles de la grotte, G. Riek a établi les biostratigraphie et chronostratigraphie suivantes9,77,78,71 :
Étage stratigraphique | Horizon culturel | Correspondance géologique |
---|---|---|
Étage stratigraphique I | Néolithique | |
Étage stratigraphique II | Magdalénien | |
Étage stratigraphique III | Magdalénien | |
Étage stratigraphique IV | Aurignacien supérieur | |
Étage stratigraphique V | Aurignacien moyen | |
Étage stratigraphique VI | Aurignacien inférieur | |
Étage stratigraphique VII | Moustérien | |
Étage stratigraphique VIII | Acheuléen supérieur | |
Étage stratigraphique IX (plancher stratigraphique) | Interglaciaire - Eémien55 |
Étage stratigraphique | Culture associée ou niveau stérile | Épaisseur (cm) |
---|---|---|
Étage stratigraphique I | Humus | 20 |
Étage stratigraphique II | Culture à céramique cordée | 25 |
Étage stratigraphique III | Humus/terre brun-noire | 15 |
Étage stratigraphique IV | Magdalénien | 40 |
Étage stratigraphique V | Aurignacien | 95 |
Étage stratigraphique VI | Artefacts du Paléolithique supérieur associés à des ossements humains fragmentés | 10 |
Étage stratigraphique VII | Roche calcaire à grain fin | 20 |
Étage stratigraphique VIII | Acheuléen supérieur | 90 |
Étage stratigraphique IX | Plancher stratigraphique |
-
|
Les analyses réalisées par l'archéologue Hans Müller-Beck (en 1983), par Joachim Hahn et enfin Nicholas J. Conard ont permis de réviser la succession des horizons culturels de la grotte. La couche stratigraphique identifiée et interprétée par G. Riek comme étant de l'Aurignacien ancien ou inférieur (« Ulteres Aurignacien ») s'est révélée correspondre au Moustérien supérieur (ou fin du Paléolithique moyen)79,9,80,72,71.
Par ailleurs, l'Aurignacien dit moyen, faciès propre à l'Europe de l'Ouest définit par Henri Breuil et repris par Riek pour désigner la culture matérielle mise au jour dans le niveau V, est requalifié d'« Aurignacien typique » par Müller-Beck, à la fin des années 1960, et repris par Denise de Sonneville-Bordes, au début des années 1970, pour caractériser un faciès Aurignacien spécifique à l'Allemagne de l'Ouest81,82.
D'autre part, l'étage stratigraphique VIII, interprété par Riek comme étant de l'Acheuléen récent ou Acheuléen supérieur (« Jungacheuleen »83) a été également révisé : Müller-Beck, en 1983, établi que ce niveau contient du matériel moustérien et Conard, dans les années 2000, le désigne sous le terme de « bifacial », les deux archéologues s'accordant sur le fait que l'étage VIII date du Paléolithique moyen9,77,78. Pour Michael Bolus, en 2015, le mobilier contenu dans ce niveau peut être attribué à un faciès Micoquien et « doit être classer » comme étant du « Moustérien souabe »84. Le faciès caractérisant le niveau VIII peut être également désigné sous les termes de « Moustérien avec option Micoquien » (MMO), autrement dit un faciès caractérisé à la fois par du Moustérien (présence d'outils unifaciaux) et du Micoquien (présence d'outils bifaciaux)85,73,84,86.
Enfin, la datation par le carbone 14 des fossiles stratigraphiques récemment exhumés des dépôts sédimentaires a permis de préciser les époques successives de la caverne9,79,78.
Étage stratigraphique | Horizon culturel | Correspondance géologique | Datation |
---|---|---|---|
Étage stratigraphique I | Néolithique | ||
Étage stratigraphique II | Magdalénien | Holocène87 | 13 015 ± 55 ans AP |
Étage stratigraphique III | Magdalénien | Holocène87 | 13 630 ± 410 ans AP |
Étage stratigraphique IV | Aurignacien supérieur | 26 110 ± 150 ans AP | |
Étage stratigraphique V | Aurignacien moyen (ou « Aurignacien typique »81,82) | 31 680 ± 310 ans AP | |
Étage stratigraphique VI | Moustérien supérieur (Paléolithique moyen tardif) | ||
Étage stratigraphique VII | Moustérien moyen | ||
Étage stratigraphique VIII | Moustérien inférieur - Micoquien84,88 - « bifacial »9 - « Moustérien à option Micoquien » (MMO)73 | ||
Étage stratigraphique IX (plancher stratigraphique) | Interglaciaire - Eémien55,85 |